Le Front Populaire reprend le maquis de la rue
Le Front populaire annonce qu’il organisera ce samedi 15 octobre une marche de protestation contre les politiques d’austérité et les « diktats du Fond monétaire international », à l’Avenue Habib Bourguiba à Tunis, aussi surnommée Avenue de la révolution, à partir de 15h00. Depuis l’été 2015 et la manifestation du même Front contre le projet de loi dite de réconciliation économique, la gauche radicale n’avait plus manifesté en tant que famille politique dans l’opposition.
Car même en septembre 2015, la marche du Front Populaire avait quasiment reçu l’aval de la présidence de la République, après que Hamma Hammami ait été reçu par Béji Caïd Essebsi, et que ce dernier sachant son projet de loi controversé a joué la carte du démocrate, en donnant sa bénédiction à une manifestation qu’il n’approuve pas mais qu’il « laisse faire » en plein état d’urgence.
Cette fois la donne a changé, de l’eau a coulé sous les ponts, et le Front Populaire incarne depuis l’investiture du gouvernement Chahed une opposition limitée en termes numériques au Parlement, mais déterminée et capable d’occuper le terrain, forte de la fougue des jeunesses du Watad et du Parti des travailleurs. Elles entendent ne pas rater une occasion de rappeler le caractère fallacieux d’un gouvernement « d’union nationale » qui n’inclue pas la majeure partie de la gauche.
Ces dernières semaines à Jemna, le Front a soutenu la réappropriation des habitants locaux de terres agricoles de plantations de palmiers considérées comme mal gérées et délaissées par l’Etat, ce qui provoque le retour d’une presse nostalgique de l’ancien régime, employant des plumes diabolisant la gauche « responsables de tous les maux ».
Vers une démonstration de force de la gauche
La décision de l’escalade dans la contestation a été prise lors de la réunion du Conseil central du Front consacrée notamment à l’examen des dispositions de la loi des finances 2017, plus spécifiquement aux mesures d’austérité que le gouvernement envisage de prendre dans la période à venir et leur impact sur les classes moyennes et défavorisées. Etaient présents également les structures du Front au niveau régional et local.
Sur un plan plus idéologique, le conseil central du FP a abordé la situation arabe et internationale et condamné ce qu’il considère comme « le crime perpétré par la coalition arabe, conduite par l’Arabie saoudite contre des civils désarmés au Yémen ».
Le Front appelle à l’ouverture d’une enquête internationale pour juger les auteurs de ce crime, à stopper la guerre menée par l’Arabie saoudite dans ce pays et à laisser le peuple yéménite décider de son avenir loin de toute ingérence étrangère.
Une semaine auparavant, le même FP avait manifesté en soutien au régime de Bachar al-Assad, alors que la ville d’Alep subissait un tapis de bombes russo-syriennes faisant des centaines de victimes civiles.
S.S