Tunisie. Le forum de Davos met en garde contre un effondrement de l’Etat

 Tunisie. Le forum de Davos met en garde contre un effondrement de l’Etat

Le Forum économique mondial de Davos a publié la 17ème édition du rapport sur les risques mondiaux, un document basé sur une enquête de perception autour des différents risques mondiaux à long terme réalisée auprès de 124 pays. Partenaire officiel du World Economic Forum, l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) a mené cette enquête pour le cas de la Tunisie.

Le rapport s’attelle en particulier aux « risques les plus sévères à l’échelle mondiale au cours des dix prochaines années » à l’aune de l’actualité économique, sociétale, environnementale et technologique des pays concernés par les résultats de l’enquête.

S’agissant de la Tunisie, les résultats présentent un classement des principaux risques comme suit :

  1. L’effondrement de l’Etat,
  2. La crise de la dette,
  3. Le chômage,
  4. Le prolongement de la stagnation de l’économie,
  5. La prolifération des activités économiques illicites.

Seuls cinq autres pays (le Liban, le Venezuela, le Nicaragua, le Pérou et le Honduras), classent l’effondrement de l’Etat comme premier risque pour ces pays.

Ces risques menaçant la Tunisie ont déjà fait l’objet d’un débat lors des journées de l’Entreprise organisées en décembre dernier par le think tank de l’IACE. Parmi les propositions émises pour éviter des risques économiques et sociaux, « la mise en place d’une constitution économique, basée sur un Pacte de solidarité économique et social entre le monde des affaires et la sphère politique. »

Les résultats de l’enquête globale montrent que seulement, 16% des personnes interrogées sont optimistes quant aux perspectives mondiales, tandis que 11% pensent que la reprise mondiale va s’accélérer et le reste des personnes interrogées s’attend plutôt à ce que les trois prochaines années soient caractérisées par une volatilité constante et « de multiples trajectoires fracturées » qui sépareront « les états résilients » et les « non résilients ».

 

USA : appels à revoir le programme d’aide à la Tunisie

Au même moment au Congrès des Etats-Unis, un groupe de sénateurs dont le sénateur américain Jim Rish, président du Comité des affaires étrangères du Sénat des États-Unis, Bob Menendez, président du Comité des affaires étrangères de la Chambre des États-Unis, Michael McCaul et l’élu, Gregory Meeks, ont adressé une lettre au secrétaire d’État des États-Unis, Antony Blinken, afin d’exprimer « leurs inquiétudes suite aux derniers événements menaçant la démocratie en Tunisie ».

Les auteurs de ce courrier ont en effet appelé l’administration de Biden à « évaluer la trajectoire antidémocratique entamée par le chef de l’Etat Kaïs Saïed ». « Davantage de mesures doivent être annoncées afin de garantir un processus transparent, inclusif et démocratiquement enraciné », peut-on y lire.

Le même document appelle l’administration américaine à examiner les priorités de l’aide américaine à la Tunisie et à envisager la possibilité de les conditionner par des réformes quantifiables : « Nous exhortons l’administration à continuer à soutenir les efforts visant à garantir un processus de réforme transparent et significatif, notamment en plaidant pour la sélection d’un comité de rédaction de la réforme constitutionnelle inclusif ».

Le 7 janvier, Amin Mahfoudh, le juriste et plus proche collaborateur constitutionnaliste du président Saïed, avait au contraire plaidé pour un comité de rédaction « le plus restreint possible » non pas d’un amendement constitutionnel mais d’une nouvelle Constitution.

Les élus américains ont en outre souligné l’importance de tenir le chef de l’Etat responsable du calendrier annoncé en décembre 2021. Ils ont appelé les autorités tunisiennes à mettre fin aux détentions pour des raisons politiques et à la censure des médias.

Les élus ont enfin exprimé leur préoccupation quant au cumul des pouvoirs exécutifs, le recours à l’intervention de l’armée au sein des institutions démocratiques et à l’encontre des opposants politiques, les détentions potentiellement motivées par des considérations politiques et le récent durcissement des restrictions imposées aux médias.

« Le retour de la Tunisie à un processus démocratique respectant l’ordre constitutionnel, l’Etat de droit, les droits fondamentaux de ses citoyens et la séparation des pouvoirs sont vitaux pour assurer la croissance et la prospérité à long terme du pays », a ainsi conclu la lettre.

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