Le FMI exige une nouvelle dépréciation du dinar

 Le FMI exige une nouvelle dépréciation du dinar

Björn Rother


« La valeur du dinar tunisien devra à nouveau être revue à la baisse au cours de cette année », a déclaré Björn Rother, chef de mission du Fonds Monétaire International en Tunisie. Une déclaration qui a aussitôt impacté le dinar, qui affichait 2,97dt pour 1 euro en fin de journée mercredi 4 avril.


En janvier dernier, le dinar tunisien avait déjà tutoyé puis même dépassé les 3dt pour 1 euro, impactant durement les importations déjà en berne tout au long de l’année 2017. A l’approche du mois de ramadan attendu pour la mi-mai, une telle déclaration d’un dirigeant régional du FMI laisse présager d’une hausse conforme à ce que prédisaient les analystes les plus pessimistes, soit un dinar à 3,3 voire 3,4dt pour 1 euro à l’horizon fin 2018…


Mais cela ne semble pas suffisant pour le FMI. « Le dinar tunisien doit être de nouveau déprécié si ce pays d’Afrique du Nord veut stimuler les exportations et relancer une économie touchée par les bouleversements politiques depuis le soulèvement de 2011 », préconise le Fonds monétaire international.



Dans un entretien avec Bloomberg, le chef de mission du FMI en Tunisie, Björn Rother, estime que l’on n’a pas besoin d’une grande baisse pour atteindre l’équilibre, soulignant que « l’on en est pas très loin ». Il a par ailleurs écarté le besoin d’un ajustement brutal, quoique cela a déjà été fait durant l’été 2017. 



Les attentes d’une dépréciation du dinar se sont accentuées après l’amenuisement rapide des réserves en devises, ayant atteint hier mardi 3 avril seulement 4.6 milliards de dollars : l’équivalent de 78 jours d’importation, ajoute l’agence de presse économique américaine. 


 


Correction du cours du dinar en vue de redresser la balance commerciale



D’après Björn Rother, le taux de change réel du dinar tunisien avait été mal aligné par rapport aux autres devises depuis plusieurs décennies, et ce dans une proportion de 10 à 20 %.



Le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Marouane Abassi avait en mars dernier qu’une importante dépréciation du dinar « risque néanmoins d’alimenter l’inflation et de provoquer la colère populaire, dans un pays qui a connu huit gouvernements depuis la révolution », précise Bloomberg décidément très au fait des subtilités du contexte tunisien.



« La Tunisie est toujours présentée comme étant une expérience réussie dans la région, mais l’affrontement politique, les grèves à répétition et les attaques terroristes ont compliqué les efforts visant à relancer l’économie, comme le souhaitaient les Tunisiens lorsqu’ils ont écarté Ben Ali du pouvoir », souligne la même source. 


Hier mardi lors d’une réunion au Palais de Carthage sous la présidence de Béji Caïd Essebsi, les signataires du Document de Carthage avaient décidé la création d’une Commission qui aura pour mission de définir les priorités de l’économie nationale et de proposer les réformes structurelles.