Le FMI approuve le décaissement de 257,3 millions de dollars

 Le FMI approuve le décaissement de 257,3 millions de dollars

En difficulté face à l’ARP le 23 mars


Le FMI a donné son feu vert pour le décaissement de la troisième tranche du crédit global de 2,9 milliards de dollars accordé à la Tunisie. Une procédure non sans concessions côté tunisien, ce qui vaut son lot de polémiques au gouvernement Chahed. Explications.


Le conseil d’administration du Fonds monétaire international a achevé ce weekend la deuxième revue du programme de réforme économique de la Tunisie, un programme soutenu par un accord conclu dans le cadre du mécanisme élargi de financement (FEP), censé permettre à la Tunisie de décaisser la troisième tranche du prêt d’une valeur de 257,3 millions de dollars (soit environ 613 millions de dinars tunisiens).


Un décaissement qui portera le total des décaissements au titre de l’arrangement en question, à 919 millions de dollars américains (2192 MD), précise un communique du FMI.


Le Conseil d’administration du FMI avait également approuvé la demande de la Tunisie de mettre en place des revues trimestrielles au lieu du calendrier semestriel actuel. Les décaissements globaux ne seront pas pour autant changés tout au long du programme, précise encore la même source.


Lors d’un point de presse tenu en janvier dernier, le porte-parole du Fonds Monétaire international, Gerry Rice a estimé que le FMI ne veut pas l’austérité pour la Tunisie. Il a expliqué que la Tunisie est selon lui dans la nécessité de mener ces réformes : « Le peuple tunisien veut la croissance et l’équité, nous voulons tous cela et les réformes économiques sont la clé pour pour atteindre cet objectif. Et inverser ces réformes n’est pas une option ». Un ton ferme qui révèle des rapports que l'on devine tendus avec les autorités tunisiennes. 


 


"Bienveillance du FMI" et joutes verbales au Parlement


Si pour un certain nombre d’experts, cette tranche n’est qu’une perfusion permettant à peine de payer à temps les salaires des fonctionnaires, son décaissement coïncidait avec le passage du chef de gouvernement Youssef Chahed devant l’Assemblée des représentants du peuple, pour une séance de questions au gouvernement aux accents de bilan pour un gouvernement en sursis à 1 mois des élections municipales.


En chef de file de l’opposition, le Front Populaire via le plus orateur de ses députés Ammar Amroussia a eu des mots particulièrement durs envers l’équipe gouvernementale. « Après vous avoir écouté, je suis allé à la pharmacie m’acheter des sucettes […] histoire de mieux vous signifier votre mentalité de l’infantilisation du peuple. Avouez que vous êtes liés par un engagement auprès du FMI de privatiser plusieurs entités du secteur public dont la Société tunisienne de l’électricité et du gaz, Office national des céréales, la société pétrolière de Bizerte… ». Des allégations que le chef du gouvernement a démenties par un hochement moqueur de la tête.


Le taux de croissance réel du PIB de la Tunisie pourrait atteindre 2,8% en 2018 et 3,5% en 2019, soit environ deux fois moins que les aspirations des bailleurs de fonds internationaux. 


 


Seif Soudani


 


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