Tunisie. Le déficit commercial se creuse de façon substantielle en un mois

 Tunisie. Le déficit commercial se creuse de façon substantielle en un mois

En Tunisie, le déficit mensuel de la balance commerciale n’en finit plus de s’accroître davantage encore au fil des mois : il s’est en effet creusé de 26,8% au cours du seul mois d’octobre 2023, pour s’établir ainsi à 2,8 milliards de dinars, contre 1,57 milliards enregistré en septembre 2023.

C’est ce que révèle aujourd’hui lundi 27 novembre l’Institut national de la statistique (INS) dans une note sur le commerce extérieur aux prix courants, consacrée au mois écoulé. La même source officielle précise que le taux de couverture des importations par les exportations a perdu 4.5 points durant le mois d’octobre 2023, par rapport à septembre, pour atteindre un préoccupant 71,7%.

Par ailleurs toujours selon l’institut, le mois d’octobre a été « marqué par des évolutions contrastées des flux croisés du commerce extérieur », alors que les exportations n’ont quant à elles enregistré une progression mensuelle modeste de 0,5% et que les importations ont affiché une hausse bien plus forte de 6,8%, et ce malgré les mesures gouvernementales pour limiter les importations notamment en provenance de l’Union européenne.

Il y a un mois, dans une lettre adressée à la ministre du Commerce tunisienne, Fadhila Rabhi, la Commission européenne avait appelé la ministre à « échanger d’urgence sur ces sujets », l’invitant à suspendre l’application des mesures annoncées par le gouvernement Hachani. Tout en se disant consciente des difficultés économiques que traverse la Tunisie, la Commission de l’UE avait alors insisté sur la nécessité d’éviter « toute mesure de nature à restreindre les échanges pour poursuivre des objectifs économiques ».

En cause, les mesures de restriction des importations discrètement annoncées et entrées en vigueur le 17 octobre 2023. La CE a estimé que le système de contrôle technique à l’importation « est complexe et peu transparent », et « ne semble pas basé sur une analyse des risques et représente une importante barrière à l’entrée ajoutant que l’introduction d’un contrôle préalable à l’importation ne fera qu’aggraver la situation ».

 

La politique de gel des prix critiqué par des ONG

Face au triptyque raréfaction de certains produits, inflation et forte demande qui perdure, le ministère tunisien du Commerce et du Développement des exportations a annoncé la semaine dernière une mesure aussi radicale que controversée du gel des prix de plusieurs produits libres (non administrés), tels que les conserves alimentaires, les biscuits, les pâtisseries, les boissons gazeuses et les jus, les produits dérivés du lait, les détergents, ainsi que les produits d’hygiène et les matériaux de construction.

L’Association de lutte contre l’économie de rente (Alert) a aussitôt appelé le ministère à annuler rapidement ces récentes mesures de plafonnement des prix de certains produits de consommation, les qualifiant de mesures « électoralistes » qui risquent de provoquer « un impact dévastateur » sur la sécurité alimentaire des Tunisiens, mais aussi les petits commerçants qui ne disposent pas des mêmes leviers de volume que ceux de la grande distribution.

« Ces décisions ne feront que favoriser davantage une régression de l’investissement et de la production. Par conséquent, elles entraîneront d’autres pénuries et causeront l’émergence de nouveaux marchés noirs qui provoqueront la flambée des prix », regrette l’association pour qui le vrai problème reste celui des revenus limités des Tunisiens plutôt que la vie chère en elle-même.

 

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