Tunisie. Le chef de la diplomatie US hausse le ton

 Tunisie. Le chef de la diplomatie US hausse le ton

Anthony Blinken

La diplomatie américaine durcit le ton contre ce qu’elle considère comme des dérives autocratiques du régime Saïed. Le chef du State Department, Antony Blinken, a pour la première fois ouvertement conditionné l’aide des instances financières internationales à un retour à la voie démocratique.

 

Répondant longuement à une question jeudi soir 28 avril autour de la direction que prend le pays, le secrétaire d’Etat américain a en effet affirmé que « la Tunisie doit répondre aux inquiétudes concernant son système démocratique, avant de pouvoir prétendre à une aide économique internationale dont elle a cruellement besoin ».

 

Au fait des moindres détails de politique intérieure tunisienne

Le chef de la diplomatie US, qui s’exprimait devant une commission de la Chambre des représentants, s’est dit préoccupé par la prise des pleins pouvoirs du président tunisien Kais Saied et a estimé que la Tunisie devrait « au grand minimum » tenir avant la fin de l’année les élections parlementaires promises, après « la dissolution unlilatérale du Parlement » :

« Je pense que la chose la plus importante pour eux est qu’ils se rendent pleinement éligibles à l’aide des institutions financières internationales », a-t-il prévenu. « Nous avons dit clairement que notre soutien est possible, mais que nous voulons voir la Tunisie retourner sur la voie qui était la sienne ». Blinken a rappelé au passage qu’il considérait que jusqu’ici la Tunisie avait été « une success story » démocratique dans la région, d’où ses regrets.

Montrant une parfaite connaissance des plus subtils détails de l’actualité politique du pays, le numéro 1 du State Department a par ailleurs estimé que la récente consultation populaire électronique lancée par le président Saïed « n’a recueilli qu’un très faible pourcentage du corps électoral, autour de 6,5% », a-t-il insisté, visiblement incrédule. « C’est loin d’être le type de processus inclusif souhaité », conclue-t-il.

Le gouvernement de Najla Bouden a pour rappel entamé en février dernier des discussions préliminaires avec le Fonds monétaire international, dont les Etats-Unis sont le principal actionnaire, dans l’espoir d’obtenir plusieurs milliards de dollars qui manquent à son budget 2022. Mais même si les derniers échos en provenance des négociations indiquent un accord imminent, ce dernier ne débloquerait des fonds, au mieux, qu’en juillet selon les experts.

Sur le plan national, la présidence de la République est une nouvelle fois secouée par des fuites embarrassantes en ce vendredi ou le tout Tunis ne parle que des nouveaux enregistrements de l’ancienne bras droit de Kais Saïed, l’ex ministre chef de cabinet Nadia Akacha, remerciée en janvier. Dans ces présumées écoutes post démission, elle y montre du mépris pour l’attitude présidentielle qu’elle qualifie de « maladroite et lâche » notamment envers le président français Emmanuel Macron.