Tunisie. L’ancien président Moncef Marzouki condamné à 4 ans de prison
L’ancien président Moncef Marzouki a été condamné mercredi 22 décembre 2021 par contumace en première instance à quatre ans de prison ferme. Une sentence qu’il qualifie d’illégitime.
En octobre dernier, le président de la République Kais Saïed avait pour rappel appelé la ministre de la Justice Leïla Jaffel à ouvrir une enquête judiciaire « à propos des agissements de Moncef Marzouki », les qualifiant d’« atteinte à la sûreté nationale ». Evoquant son prédécesseur, le président Saïed avait estimé que les personnes qui sollicitent l’intervention de parties étrangères sont des « traîtres à la nation ».
Ces accusations avaient été formulées après que Moncef Marzouki ait reconnu notamment sur la chaîne al-Jazeera TV « être fier » d’avoir joué un rôle auprès d’instances internationales, de sorte de faire annuler le 50ème Sommet de la francophonie qui devait initialement se tenir à Djerba. Un évènement que l’ancien président voulait éviter de voir se transformer en cérémonie de plébiscite international normalisateur pour l’actuel président Saïed « devenu autocrate ».
>> Lire aussi : Tunisie. Sommet de la Francophonie reporté à 2022 : décryptage d’un échec
D’autres condamnations pourraient suivre
Leila Jaffel avait aussitôt mis en application les dispositions de l’article 23 du Code tunisien des procédures pénales. La ministre de la Justice avait ainsi donné ses instructions au procureur général près de la Cour d’appel de Tunis pour poursuivre en justice Moncef Marzouki. Le procureur général a alors confié l’affaire au procureur de la République qui a ordonné l’ouverture d’une information judiciaire.
Mais ce n’est pas là l’unique plainte qui a été déposée à l’encontre de l’ancien président tunisien. Il en existe au moins une autre, déposée contre lui au tribunal de l’Ariana, dans laquelle il est accusé de « diffamation et d’injures sur les réseaux sociaux » via les vidéos que Marzouki publie régulièrement sur sa page officielle qui compte plus d’1 million d’abonnés, depuis qu’il a récemment repris ses activités politiques après près de deux années de silence médiatique.
Réagissant brièvement mercredi soir à ce premier verdict, Moncef Marzouki qui se trouve actuellement à Paris écrit :
« Concernant le « jugement » émis par un sinistre juge sur ordre d’un président illégitime… J’ai été jugé de nombreuses fois par le passé du temps de Bourguiba, puis du temps de Ben Ali, et voici qu’aujourd’hui je suis poursuivi sous le règne de Kais Saïed. Bourguiba et Ben Ali sont partis, et les causes pour lesquelles j’avais été jugé ont au final triomphé. De la même façon humiliante ce dictateur débutant partira et j’en sortirai victorieux. Et les ténèbres se dissiperont ! », conclut l’ancien président par des paroles référence à l’hymne national tunisien « Humat al-Hima ».
L’ancien chef de cabinet et porte-parole du président Marzouki, Adnen Mansar, a réagi en soirée à son tour en s’interrogeant ironiquement : « La juridiction qui a émis ce matin un jugement par contumace de 4 ans de prison dont a écopé le docteur Marzouki, dans une affaire qui prête à sourire, fait-elle partie du pouvoir judiciaire réformé et assaini ? Bientôt Kais Saïed réalisera que ce magistrat est un faux ami : il est en effet probablement son ennemi plus encore que le docteur Marzouki ».