La Tunisie retirée de la liste noire de la Commission européenne
Harmonisant sa liste avec celle des pays tiers visés par le GAFI, relative à la lutte du contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, la Commission européenne en a retiré ce jeudi 7 mai la Tunisie. Une bonne nouvelle qui tombe à point nommé pour une économie tunisienne asphyxiée.
Le Groupe d'action financière (GAFI) ou Financial Action Task Force (FATF) est un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Il a été créé par le G7 lors du sommet de l'Arche à Paris en 1989, en réponse à des préoccupations croissantes au niveau international concernant la lutte contre le blanchiment de capitaux.
Pour rappel, la Tunisie avait été maintenue en février 2019 sur la blacklist du GAFI, ce qui avait alors constitué un camouflet pour le gouvernement Chahed et ses efforts de lutte contre la corruption, après que le pays ait été dans la liste 1 an auparavant.
Aujourd’hui, la modification prise par voie de règlement délégué sera, indique Bruxelles, soumise au Parlement européen et au Conseil pour approbation dans un délai d'un mois. Le président de la Banque centrale tunisienne Marouane Abassi ainsi que l’ancien chef du gouvernement Youssef Chahed s’étaient employé à faire pression en ce sens, avec le concours de l’ambassadeur de Tunisie à Bruxelles, Ridha Ben Mosbah.
Certains députés européens s’étaient également insurgés contre la mesure jugée particulièrement sévère contre la Tunisie post révolution. La décision du 7 mai vient confirmer celle du 18 octobre 2019, et propose une nouvelle liste qui concorde à présent avec les listes publiées par le GAFI, selon un communiqué.
Six pays concernés
Les pays qui ont été retirés jeudi de la liste sont : la Bosnie-Herzégovine, l'Éthiopie, le Guyana, la République démocratique populaire du Laos, Sri Lanka et la Tunisie. Ceux qui demeurent dans la blacklist que certains qualifient d’exotique sont les Bahamas, la Barbade, le Botswana, le Cambodge, le Ghana, la Jamaïque, Maurice, la Mongolie, le Myanmar, le Nicaragua, le Panama et le Zimbabwe.
Souhaitant une « approche plus globale », la Commission a publié un plan d'action ambitieux et pluridimensionnel, qui définit les mesures concrètes que la Commission prendra au cours des 12 prochains mois pour mieux faire respecter les règles de l'UE en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, et pour mieux surveiller et coordonner leur application. Cette approche nouvelle et globale vise à « combler les lacunes et les failles que présente encore la réglementation de l'UE ».
Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif, a déclaré à cette occasion : « Nous devons mettre un terme aux agissements permettant à l'argent sale d'infiltrer notre système financier. Aujourd'hui, nous renforçons encore nos moyens de défense contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, avec un plan d'action global et de grande envergure. Il ne doit y avoir de maillons faibles ni dans nos règles ni dans leur mise en œuvre. Nous sommes déterminés à mettre en œuvre l'ensemble de ces mesures – de façon prompte et systématique – dans les 12 mois à venir. Nous renforçons également le rôle que l'UE exerce à l'échelle mondiale dans l'élaboration de normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. »
Soucieuse de répondre aux critiques la jugeant arbitraire, la Commission a aussi présenté aujourd'hui une méthode plus transparente et « perfectionnée » pour identifier les pays tiers à haut risque dont le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme présente des carences stratégiques « qui font peser une menace significative sur le système financier de l'UE ».
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