Tunisie : la rentrée scolaire reportée dans plusieurs régions
En ce jour de rentrée scolaire en Tunisie, l’ambiance n’est pas à la fête dans certaines régions du pays où les autorités locales ont décidé d’appliquer le principe de précaution face à une préoccupante situation épidémiologique.
Ces décisions, qui concernent les élèves des établissements scolaires et secondaires, suscitent un vaste débat dans le pays quant aux prérogatives des municipalités et des collectivités locales en matière décisionnelle.
Au sud du pays, dans le gouvernorat de Kebili concerné notamment par ce report suite au taux de contamination élevé dans la région de Kébili Nord depuis près d’une semaine maintenant, il a également été décidé de suspendre la prière du vendredi à nouveau dans les mosquées, de fermer les cafés et d’interdire d’entrer ou de sortir de la ville.
A Monastir, la veille de la rentrée ce sont 4 instituteurs qui ont été testés positifs lundi au Coronavirus dans la seule région de Menzel Ennour, a indiqué le maire de cette petite ville côtière Sami Haj Amor.
Ecole primaire 18 rue de l’inde à Tunis, crédit photo Ali Toukebri
Intense pression des syndicats de l’enseignement
Au centre du pays à Kairouan, c’est le bureau régional du syndicat de l’enseignement UGTT de Hajeb Layoun qui a mis les autorités devant le fait accompli : il a décidé à son tour de reporter la rentrée scolaire jusqu’à la parution des résultats de tests PCR. Même incertitude à Gafsa où une panne paralyse l’unique laboratoire de tests de la région.
Le comité régional de lutte contre le coronavirus à Kasserine a quant à lui décidé d’annoncer l’ajournement de la rentrée scolaire jusqu’à l’obtention des résultats des tests effectués sur les personnes qui ont été en contact avec des personnes contaminés dans les régions de Sidi Mohamed, délégation de Thala, et El-Ouasiya, délégation de Sbeitla.
La même région de Kasserine où le président de la République Kais Saïed a choisi de se rendre aujourd’hui mardi pour prendre place sur les bancs de l’école à l’école de la martyre Maha Gadhgadhi. Un geste symbolique pour cet établissement dont le nom rend hommage à une fillette de 12 ans emportée sur le chemin de son école par les eaux d’un oued en crue l’an dernier à Fernana.
Mais c’est aussi un déplacement à haute connotation politique : si le chef du gouvernement Hichem Mechichi n’a pas quitté le pourtour des faubourgs de la capitale dans ses visites dans les écoles, le président Saïed veut manifestement montrer qu’il reste fidèle à ses électeurs dans les régions les plus reculées et plus démunies du pays. Plus que jamais, le pays entre dans une période de cohabitation de l’exécutif où la guerre froide est aussi celle des images et de la communication.