Tunisie : La prière du vendredi à nouveau autorisée, « mais »…

 Tunisie : La prière du vendredi à nouveau autorisée, « mais »…

Mosquée de la Zitouna, appliquant dès le mois de juin 2020 la distanciation physique à la réouverture éphémère à l’époque des lieux de culte

Sous pression des fidèles, le ministère des Affaires religieuses a annoncé une série de mesures en prévision de la réouverture des mosquées pour la prière du vendredi dans une semaine, à compter du 4 décembre prochain.

 

Réunie mercredi au Palais du gouvernement, à la Kasbah, la Commission nationale de lutte contre le Coronavirus a décidé la reprise de la prière du vendredi avec une présence ne dépassant pas les 30% et ce, à compter du vendredi 4 décembre.

Le ministère de tutelle a insisté le 2 décembre dans un communiqué sur l’impératif d’appliquer « rigoureusement » le protocole sanitaire relatif aux lieux de culte. Parmi ces dispositions, les autorités mettent l’accent sur six points du cahier des charges mis à jour et sur lesquelles elles « ne transigeront pas » :

– L’aération et le nettoyage des salles de prière avant d’accueillir les fidèles
– L’ouverture des mosquées quinze minutes avant l’appel à la prière, ainsi que la sortie immédiate des fidèles après l’accomplissement de la prière
– L’allègement de la prière du vendredi à 10 minutes seulement pour les deux prêches et les deux prosternations (rakâa)
– L’accomplissement des ablutions chez soi et non plus dans les installations dédiées dans les mosquées
– L’obligation d’apporter son propre tapis de prière individuel
– Enfin, le port obligatoire du masque sanitaire

Le même département souligne par ailleurs l’impératif de respecter la distanciation physique (un mètre au minimum), et appelle les personnes âgées, les personnes souffrant de maladies chroniques ou encore les personnes présentant des symptômes s’apparentant à ceux de la Covid-19 à éviter de se rendre dans les mosquées.

Le ministère a, une nouvelle fois, appelé au respect des consignes sanitaires relatives aux lieux de culte, sous peine de sanctions et de fermeture en cas de non-respect du protocole mis en place.

 

Une décision à caractère politique

En grande difficulté pour imposer l’ordre en ce début de saison hivernale aux relents insurrectionnels surtout en région, beaucoup soupçonnent le gouvernement Mechichi de lâcher du leste sur la question du culte, en totale inadéquation avec la situation épidémiologique du pays qui tend pourtant à s’aggraver.

Ainsi selon les autorités sanitaires le nombre d’infections au coronavirus approche désormais dangereusement du seuil des 100 mille cas identifiés pour 12 millions d’habitants, tandis que le nombre de décès liés à la Covid-19 a dépassé les 3320. En octobre dernier, la Tunisie avait enregistré 1 397 décès dus à la Covid-19, tandis qu’en novembre, le nombre de décès est monté à 1534.

1 495 patients sont actuellement admis dans les hôpitaux publics et privés, dont 287 dans les services de réanimation.

La Tunisie a augmenté sa capacité hospitalière pour atteindre le nombre total de lits de réanimation à 288 dans le secteur public, avec un taux inoccupation de 76%. Le nombre de lits équipés d’oxygène passe quant à lui à 1906, avec un taux d’inoccupation d’environ 54%.