La police, la santé et l’éducation, secteurs les plus affectés par la corruption selon les Tunisiens

 La police, la santé et l’éducation, secteurs les plus affectés par la corruption selon les Tunisiens


L’Institut national de la statistique (INS) vient de rendre publics les résultats d’une importante enquête de perception sur la corruption, réalisée auprès d’un échantillon conséquent de plus de 10 000 individus et de plus de 4 000 ménages à travers tout le territoire tunisien. Dans un pays où l’on sait que le fléau de la corruption n’a fait qu’empirer après la révolution, le sondage permet de quantifier plus précisément le phénomène.




 


L’enquête s’est penchée sur la perception des Tunisiens de l’ampleur de la corruption et de la discrimination dans l’administration publique : essentiellement les secteurs de la santé, de l’éducation, de la justice ou encore des forces de l’ordre.


Selon Hedi Saïdi, directeur général de l’INS, « l’enquête vise à la fois à récolter des données subjectives auprès de 10 600 individus de plus de 18 ans, et d’autres informations davantage factuelles en collectant des données objectives sur la prestation de services directement liée à des institutions du service public ». Un échantillon 10 fois supérieur à la moyenne de ceux consultés par les institutions de sondage classiques.


Procédant par catégories, l’enquête s’est focalisée sur six formes de discrimination, selon la région, la couleur de la peau, le genre, le handicap, l’appartenance politique et la situation sociale et financière. Il en ressort que 41% des Tunisiens ont affirmé qu’il existe une discrimination sur la base de l’appartenance politique, 20% la couleur de la peau, 26% le handicap, 30% le genre, 80% la situation financière et 61% sur la base de la région.


L’étude a permis d’établir que la moitié des Tunisiens ont la certitude que le phénomène de la corruption est « présent à tous les niveaux et dans tous les secteurs », ainsi 50% des citoyens pensent que la corruption existe dans toutes les institutions de l’Etat.


Il ressort de l’enquête que les secteurs de la Santé et de la Sécurité sont les plus touchés par le phénomène de la corruption, avec respectivement 67% et 68% de sondés répondant par l’affirmative. S’en suivent les délégués (sous-préfets) avec 64%, le secteur de l’Education avec 59%, et de celui de l’Enseignement privé avec 58%.


Une lueur d’espoir cependant : on apprend en effet que 67% des personnes interrogées ont déclaré « refuser catégoriquement de donner des pots-de-vin », et que 22% ne le font par contrainte et selon la situation où ils se trouvent. Seulement 6% affirment « n’avoir aucun souci avec la corruption » expliquant qu’ils la pratiquent « pour se faciliter la vie ».


 


L'INS a par ailleurs publié les chiffres de la croissance économique au troisième trimestre 2015. En séquentiel, après -0,2% au premier trimestre et -0,7% au second, le PIB de la Tunisie a cru de 0,1% ce dernier trimestre. Pour toute l'année 2015, la récession économique sera par conséquent inévitable avec une croissance PIB qui accusera un recul de -0,6%.


Si l’étude sur la corruption permet de relativiser l’ampleur d’une corruption que l’on dit avoir explosé durant les années post révolution, le fléau, conjugué à une contrebande galopante (les cigarettes d’importation sont toujours en pénurie) continue manifestement de greffer l’économie nationale, ce qui décrédibilise chaque jour un peu plus la coalition fiscalement conservatrice au pouvoir qui peine à endiguer l’économie parallèle.


 


Seif Soudani