La nomination de René Trabelsi au Tourisme contestée en justice
Une « instance nationale de soutien à la résistance arabe, à la lutte contre la nominalisation et le sionisme » a annoncé avoir déposé le 8 novembre devant le Tribunal administratif une demande de jugement en référé contre la nomination de René Trabelsi au poste de ministre du Tourisme et des industries traditionnelles au sein du nouveau gouvernement Chahed.
Cette ONG dit condamner cette nomination dans le dernier remaniement ministériel annoncé par le chef du gouvernement, exigeant « son annulation immédiate », arguant que René Trabelsi « est un sioniste défenseur de l’entité sioniste qui occupe la terre de Palestine et opprime son peuple arabe ».
L’instance estime en des termes empreints de nationalisme que « rejoindre le gouvernement tunisien et travailler sous sa bannière est un honneur qui ne devrait être accordé aux Tunisiens nationaux qui s’engagent pour la défense de sa souveraineté et de la dignité de son peuple et pour la protection de sa sécurité », considérant que cette condition n’est pas remplie par René Trabelsi « qui détient la nationalité israélienne l’engageant à servir Israël sous la bannière de l’Etat israélien sioniste ».
L’Instance nationale a rendu par ailleurs le mouvement Ennahdha responsable de cette « nomination sioniste », demandant à l’Assemblée du peuple d’accélérer l’adoption du projet de loi « pénalisation la normalisation, objet d’un consensus des Tunisiens ».
Sur les réseaux sociaux, le député Yassine Ayari a de son côté annoncé son attention de poursuivre à son tour René Trabelsi, propriétaire d’un réseau d’agences de voyage, pour conflit d’intérêt, promettant de « ne pas permettre à un ministre de favoriser ses affaires, puis d’échapper facilement à la justice le cas échéant via sa double nationalité ».
Démenti de René Trabelsi
Pourtant, René Trabelsi avait bien affirmé dans des déclarations aux médias qu’il est tunisien (franco-tunisien, ndlr) et qu’il n’est pas porteur de la nationalité israélienne, tout en se déclarant surpris de cette polémique qui consiste en ce que des parties suggèrent que sa nomination à la tête du ministère du Tourisme signifiait une normalisation avec Israël. L’homme dit en effet préférer retenir « le satisfécit unanime international » suite à sa nomination « synonyme de tolérance ».
Traditionnellement très portés sur la question de l’anti sionisme, les militants de l’extrême gauche tunisienne ont ces dernières 72 heures parcouru la toile à la recherche d’éventuelles déclarations de Trabelsi attestant d’un positionnement pro israélien. Mais le seul document retenu est peu probant : dans une intervention sur la chaîne i24 News, face à deux journalistes qui tentent visiblement de lui faire dire que les émeutes sociales de début 2018 en Tunisie, qui avaient pris pour cible deux synagogues, sont une preuve de la résurgence de l’antisémitisme en Tunisie, l’homme d’affaire se montre sceptique.
Ainsi il rapporte, en endossant le costume de reporter, que ces émeutes sont « le fait de groupuscules d’extrême gauche hostiles à l’époque au déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem ». Des propos que certains ont interprété comme reflétant une posture de René Trabelsi favorable à cette même délocalisation, sans toujours convaincre.
D’autres encore ont déterré des images des années 2000 où René Trabelsi, qui est aussi le fils du président de la synagogue de la Ghriba, salue la sollicitude de l’ancien dictateur Ben Ali à l’égard de la communauté juive en marge du pèlerinage annuel de la Ghriba, à une époque où il faut reconnaître que la quasi-totalité des minorités pratiquaient ces louanges en contrepartie d’une certaine bienveillance du régime.
En 2018, la communauté juive de Tunisie est estimée à seulement environ 1500 citoyens.
Seif Soudani
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