La nomination de certains gouverneurs « RCDistes » provoque la colère en région

 La nomination de certains gouverneurs « RCDistes » provoque la colère en région

Sit-in devant le gouvernorat de Kasserine


Quatorze gouverneurs ont prêté serment le 25 août devant le président de la République Béji Caïd Essebsi. Pour cet important remaniement, le ministère de l’Intérieur a, une fois n’est pas coutume, évité de publier le CV détaillé des nouveaux représentants de l’exécutif en région. Et pour cause, plusieurs ont un passé étroitement lié à l’ancien régime.


Des manifestants ont observé un sit-in mercredi aux abords du siège du gouvernorat de Kasserine. Sur les banderoles brandies visant Chedly Boualleg, des slogans indignés tels que « Mépris pour le sang des martyrs : on nous humilie lorsqu’un gouverneur RCDiste est nommé à Kasserine », ou encore « Que signifie le silence de Najem Gharsalli à propos de cette nomination ? », une question qui fait allusion aux origines kasserinoises du ministre de l’Intérieur.


Au Kef, gouvernorat particulièrement acquis à Nidaa aux dernières élections, des voix s’élèvent également pour contester la nomination de Radhouane Ayara, « imposé par Nidaa Tounes », ancien « militant » invétéré dans les structures du parti unique. 


A Sfax, la nomination d’Habib Chaouat, ancien gouverneur de Médenine du temps de la troïka, est en revanche interprétée comme résultant d’un « deal » politique avec Ennahdha. Certains observateurs ont en effet souligné que le nouveau gouverneur est le frère d’un leader salafiste jihadiste connu des autorités.


Interrogé le 26 août sur la réaction de son parti aux critiques dont fait l’objet le dernier remaniement dans le corps des gouverneurs, Rached Ghannouchi a appelé ses bases à « soutenir tous les nouveaux nommés en leur souhaitant de réussir leur mission ». Des propos consensuels, qui ne l’ont pas empêché d’esquisser une désapprobation, en souhaitant que les consultations en la matière avec Ennahdha « soient autrement plus sérieuses à l’avenir ».


Pour Abdellatif Makki, que l’on dit le prochain homme fort d’Ennahdha, « certaines nominations relèvent de la provocation ».


 


Aucune femme


Des voix féministes dont celle d’Amira Yahiyaoui ont par ailleurs déploré l’absence de nouveaux gouverneurs femmes, toujours « interdites d’accès » à ce corps exclusivement masculin des « wouellét », mis à part une seule occurrence sous l’ancien régime.


Une anomalie d’autant plus flagrante que Nidaa Tounes a largement fait campagne sur le thème moderniste de la protection des acquis de la femme.


 


Seif Soudani