La Libye, principal ordre du jour de la visite d’Erdogan

 La Libye, principal ordre du jour de la visite d’Erdogan


Le président turc Recep Tayyip Erdogan est arrivé ce mercredi 25 décembre en Tunisie pour une visite de travail d’un jour unique. Une visite aussi surprise qu’éclair, avec à l’ordre du jour la préoccupante question libyenne, à propos de laquelle il s’est entretenu avec son homologue tunisien Kais Saïed. 


Qualifiée par les médias nationaux des deux pays comme « non annoncée », révélée le jour même de l’arrivée d’Erdogan, les modalités mêmes de la visite sont en soi un indicateur de son caractère urgent, voire quasi inopiné, au moment où la méfiance sécuritaire et militaire est de mise dans la région entre des grandes puissances qui n’hésitent plus depuis peu à y afficher leur intéressement hégémonique.   


Côté tunisien, la visite intervient au moment où opinion et médias nationaux commençaient à exprimer leurs inquiétudes quant au bilan diplomatique des deux premiers mois de Kais Saïed au pouvoir. Mais celui-ci est visiblement soucieux de faire de la Libye le premier grand dossier par lequel la Tunisie tente une réhabilitation sur le devant de la scène géopolitique régionale : ainsi après avoir reçu le 10 décembre courant le président du Conseil libyen Fayez Sarraj, le président tunisien s’est illustré en lançant une initiative de dialogue entre tribus libyennes avant-hier 23 décembre, en vue d’œuvrer à la réconciliation des factions libyennes via une « la Déclaration de Tunis pour la paix en Libye ».


 


Carthage soucieux de donner des gages de stabilité


Lors d’une conférence de presse à l’issue de sa rencontre mercredi avec son homologue turc, fidèle à sa doctrine souverainiste, le chef de l’Etat tunisien a tenu à souligner que « bien que la question libyenne ait été abordée sous l’ensemble de ses aspects, la question du mémorandum conclu entre la Libye et la Turquie reste spécifique à ces deux pays et les concernent eux seuls », et que « cet accord ne concerne en aucun cas les frontières tunisiennes » maritimes et terrestres.


L’entretien, a par ailleurs porté sur les relations bilatérales entre la Tunisie et la Turquie dans les domaines économiques, de la santé, de l’agriculture et des échanges commerciaux et les moyens de les développer d’une manière plus équilibrée. Depuis la révolution de 2011, la Turquie est devenue l’un des principaux exportateurs de produits textiles et alimentaires vers la Tunisie.


Saïed a indiqué que la rencontre a été l’occasion de soulever certaines questions en suspens en attendant la formation du nouveau gouvernement, allusion à ses prérogatives que la Constitution de 2014 a réduit à la Défense et la politique étrangère.


Le président turc a de son côté regretté « l’absence de la Tunisie, ainsi que de l’Algérie et du Qatar du processus de Berlin sur la Libye », trois pays qui selon lui connaissent plus que d’autres la situation dans ce pays.


Erdogan a par ailleurs dans son franc-parler habituel critiqué « les nombreuses parties qui veulent imposer des sanctions à la Libye ». Il a assuré que son pays « garde un contact permanent avec le gouvernement légal de Fayez Al-Sarraj », tout en s’étonnant de « la présence de forces étrangères en Libye », précisant que son pays « n’agira que s’il est invité à le faire ».


Depuis avril 2019, les forces du maréchal Haftar resserrent leur étau sur Tripoli : elles contrôlent aujourd’hui selon la plupart des experts près de 90% du territoire libyen.