La Libye au cœur de la visite de Jean-Yves Le Drian
Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est arrivé à Tunis dans la soirée du 8 au 9 janvier pour une visite officielle de deux jours, après avoir fait escale au Caire. Tout comme la visite, en ce même jour de jeudi, du ministre des Affaires étrangères saoudien, le prince Faisal Ben Farhan Al-Saoud, le brûlant dossier libyen est le principal ordre du jour.
Jean-Yves Le Drian est arrivé à Carthage, en provenance d’Egypte, où il a d’abord rencontré le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Il s'agit de son neuvième déplacement en Tunisie en tant que membre du gouvernement français, et son septième déplacement depuis qu’il est ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, mais le premier depuis que Kais Saïed est président.
Macron réitère son invitation adressée à Kais Saïed
En l’occurrence, la visite s’effectue à la demande du président français Emmanuel Macron dont Le Drian est l’émissaire pour rencontrer le président Kais Saïed. Objectif officiel affiché : « renforcer le dialogue politique qui unit les deux pays et traiter des sujets d’actualité : en premier lieu la Libye, dont la stabilisation est une réelle priorité pour les deux pays, et plus largement des crises régionales alors que la Tunisie siège depuis le 1er janvier 2020 au Conseil de sécurité des Nations unies », précise une source diplomatique.
La même source indique que Le Drian a profité de sa présence pour la préparation des prochains rendez-vous bilatéraux, en particulier la première visite du Président Saïed en France, mais aussi multilatéraux, avec le sommet de la Francophonie qui sera organisé par la Tunisie en décembre 2020. Un sommet délicat à gérer pour Saïed, réputé pour son attachement viscéral à la langue arabe littéraire et à l’arabisation des institutions, et dont une partie de l’électorat, souverainiste, entretient une hostilité de principe à l’ancien occupant français.
Jean-Yves Le Drian rencontrera également dans le cadre de cette visite de travail et d’amitié le président de l’Assemblée des représentants du peuple Rached Ghannouchi ainsi que le chef du gouvernement tunisien sortant Youssef Chahed.
Cafouillages autour de l’intervention turque
Au Palais de Carthage, la visite intervient au moment où un cafouillage est venu entacher la communication présidentielle autour de l’intervention turque en Libye.
Ainsi la chaîne émiratie Sky News Arabia avait rapporté le contenu d’un entretien téléphonique avec Rachida Ennaifer, chargée de communication de la présidence tunisienne, où cette dernière aurait affirmé que Kais Saïed avait refusé la demande d’une utilisation de l’espace aérien et maritime de la Tunisie, pour se rétracter dans un second temps et affirmer qu’une telle demande « n’avait jamais été faite ».
Depuis, plusieurs voix demandent la démission de Rachida Ennaifer dont certains pensent qu’elle fut vraisemblablement recadrée par sa hiérarchie.
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