La liberté de l’info ne tient qu’à un fil
La liberté de la presse « ne tient qu’à un fil ». C’est en tout cas le mot d’ordre de la campagne de sensibilisation lancée conjointement par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et Reporter sans frontières (RSF). Destinée à la fois à la profession et au grand public, la campagne vise à mettre en lumière les dangers qui menacent la démocratie.
Pressions croissantes sur les médias
La « liberté de la presse est menacée chaque jour » a affirmé Neji Bghouri, président du SNJT, lors d’une conférence de presse tenue vendredi à Tunis. Le syndicaliste et journaliste pointe le « danger d’un retour en arrière » en matière de droit d’expression et d’accès à l’information.
Dans un communiqué conjoint, RSF et le SNJT s’alarment en effet de la « recrudescence des agressions physiques et verbales », ainsi que des « poursuites judiciaires contre des journalistes pour leurs publications ». Les deux organisations regrettent également que le projet de loi sur l’accès à l’information ait été retiré avant son examen par l’assemblée. « Un pas dans la direction opposée à celle de la consolidation de la démocratie et de la liberté de la presse », estime M. Bghouri
La presse mauve de retour
Il s’inquiète également de voir des médias publics, tels que La Presse, s’attaquer aux principes de la démocratie en ciblant des élus et des ONG nationales et internationales. À plusieurs reprises, le quotidien public s’en est pris aux opposants à la loi antiterroriste les accusant de laxisme, voire de complicité avec les terroristes, appelant même à ouvrir une enquête judiciaire sur les 10 députés qui se sont abstenus lors du vote.
Ces médias qui agissent « en contradiction avec le principe de la liberté d’opinion » constituent « une menace pour la profession, au sein même de celle-ci ». Une attitude qui n’est pas sans rappeler l’ère de la dictature du parti unique, a martelé le président du SNJT.
La presse comme rempart contre le retour de la dictature
« La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement », a rappelé la directrice Tunisie de RSF Yasmine Kacha, citant Rosa Luxembourg. C’est en raison de ces menaces sur la liberté d’expression qu’a été décidée cette campagne de sensibilisation, qui durera du 1er au 15 aout.
La presse a le « devoir d’outiller l’opinion publique pour lui permettre de comprendre ce qui se passe dans le monde », selon la militante. Or, elle est soumise à des pressions croissantes en Tunisie, de la part de ceux, autorités en tête, qui invoquent la sécurité pour limiter la liberté d’expression.
La campagne « la liberté de l’information ne tient qu’à un fil » vise à sensibiliser l’opinion publique quant au danger que représente la menace de la liberté de la presse, capable même d’éviter un retour de la dictature, explique le communiqué. Le visuel, représentant le mot liberté en arabe cousu d’un seul fil sur un fond neutre, symbolise l’importance de la solidarité entre tous les acteurs. « Son effilochement amènerait à la disparition progressive du droit d’informer et d’être informé, essentiel à toute démocratie », ajoute le texte diffusé ce vendredi.
Rached Cherif