Tunisie. La justice ordonne le gel des avoirs de 101 personnalités et entreprises

 Tunisie. La justice ordonne le gel des avoirs de 101 personnalités et entreprises

Les comptes bancaires de pas moins de 101 personnalités et entités proches du mouvement islamiste Ennahdha ont été gelés, sur instruction émise par le Pôle Judiciaire économique et Financier.

L’information avait d’abord été ébruitée une semaine à l’avance par un chroniqueur de la chaîne de télévision Attessia TV, connu pour sa proximité avec l’actuel pouvoir. Ainsi les banques privées tout comme la Poste tunisienne ont été informées le 18 janvier de cette instruction de geler les comptes et les avoirs bancaires de personnes physiques et morales, en vertu de cette décision de justice, dans le cadre d’une affaire de suspicion de blanchiment d’argent.

Selon un document leaké dans la matinée de jeudi sur les réseaux sociaux, la liste comprend essentiellement des figures du parti Ennahdha dont Adel Daadaa et l’ancien député Amer Laarayedh, ou encore Soumaya Jbeli, la fille de l’ancien leader nahdhaoui et ex-Premier ministre, Hammadi Jabali, mais aussi l’un des gendres de Rached Ghannouchi.

Les autorités judiciaires entendent notamment poursuivre leurs investigations dans l’affaire de blanchiment d’argent connue sous l’appellation de « Namaa Tounes », référence à une association à vocation caritative qui aurait bénéficié de gros virements en devises en provenance de l’étranger, en sus d’avoirs conséquents.

Trois nouvelles incarcérations

Le juge d’instruction au Pôle judiciaire et financier a émis un mandat de dépôt contre trois accusés dont l’ancien dirigeant au mouvement Ennahdha et membre dans l’association « Namaa Tounes », Abdelkrim Slimane. Cet ancien dirigeant politique est accusé de crimes de blanchiment d’argent et de non-respect du code des changes.

La même source ajoute que « le juge a décidé de maintenir en liberté trois autres accusés, dont un promoteur immobilier et un ancien dirigeant du même parti politique. Une interdiction de voyager a été imposée à l’encontre de ces derniers, en attendant la fin de l’instruction dans le dossier de suspicion de blanchiment d’argent ».

Mais pour la majeure partie de l’opposition, le régime Kais Saïed, « qui a mis la justice du pays sous tutelle, continue de distiller des dossiers insignifiants ou qui n’aboutissent jamais, surtout en période électorale où la chasse à l’islam politique est un ressort de campagne connu ». Jeudi 19 janvier, un sit-in des militants du Front du salut national a renouvelé sa solidarité envers l’ancien chef de gouvernement Ali Larayedh, toujours incarcéré dans le cadre d’une autre affaire, celle de l’envoi présumé de Tunisiens dans les zones de tension en Syrie.

 

>> Lire aussi : Point de vue – Tunisie. Incertitude