La France et les Etats-Unis réitèrent leur « soutien inconditionnel » à la Tunisie
Jusqu’ici évasive sur la question de la conversion de la dette tunisienne, sujet récurrent depuis la révolution de 2011, la France compte désormais en parler plus concrètement : 200 millions d'euros de dettes transformées en projets. C’est ce qu’a annoncé le nouvel ambassadeur français à Tunis Olivier Poivre-d’Arvor hier soir en marge d’une table ronde avec des journalistes. Hasard du calendrier ? Les Etats-Unis ont embrayé le pas à la France via leur diplomatie, en promettant à leur tour des aides exceptionnelles.
L'ambassadeur français Olivier Poivre d'Arvor a annoncé la veille, jeudi 5 janvier 2016, que son pays a mis en place un programme d'encouragement du tourisme en Tunisie. Un programme ambitieux qui prendra « l'île de Djerba comme exemple pilote » pour encourager le tourisme. Un choix visiblement fait par « OPDA » lui-même.
Olivier Poivre d'Arvor a par ailleurs annoncé que son pays compte transformer 200 millions d'euros des dettes tunisiennes en projets de développement de l'infrastructure du pays. Il a aussi affirmé que « plusieurs sociétés françaises ont commencé à se réinstaller en Tunisie » afin de relancer l'économie tunisienne et y investir davantage que durant l’ère pré-révolution, où la France était déjà le premier partenaire économique de la Tunisie.
Des aides à la presse écrite
Tentant visiblement d’imprimer un style volontariste en ce début de mandat, Poivre d'Arvor a par ailleurs déclaré au cours de la même rencontre médiatique que son pays et l'Organisation Internationale pour la Francophonie vont allouer des aides financières à la presse écrite tunisienne francophone à partir du mois de Février 2017.
L'ambassadeur a aussi évoqué la mise en place d'un programme d'échange d'expérience et de formation en presse francophone. Une mesure qui intervient probablement après le constat d’une régression en la matière, le pays ne comptant que deux grands quotidiens francophones, La Presse et Le Temps.
Les USA ne sont pas en reste
Dans la même journée de jeudi, nous apprenions que « les Etats-Unis d’Amérique sont disposés à appuyer les efforts de la Tunisie dans le domaine de renforcement des droits et des libertés, conformément aux valeurs communes partagées entre les deux pays démocratiques », a affirmé l’ambassadeur des Etats-Unis à Tunis Daniel Rubinstein, lui aussi relativement nouvel arrivant.
Reçu par le ministre chargé des Relations avec les Instances indépendantes, la Société civile et les Droits de l’Homme Mehdi Ben Gharbia, le diplomate américain a salué les pas franchis par la Tunisie « sur la voie de l’enracinement des valeurs de dialogue, de modération et de juste-milieu », allusion à la cohabitation cordiale entre Ennahdha en Nidaa Tounes.
« L’attachement de la Tunisie à l’unité nationale ne manquera pas de renforcer ses capacités anti-terroristes », a-t-il ajouté, cité dans un communiqué du ministère.
La rencontre a donné lieu à l’examen de la coopération bilatérale notamment dans le domaine de la diffusion de la culture des droits de l’Homme, le renfoncement du rôle de la société civile et l’échange d’expertises pour lutter contre l’extrémisme, apprend-on de même source.
Terrain de prédilection de la France en termes d’influence régionale et géopolitique, la Tunisie voit depuis quelques années l’entrée en lice d’autres puissances dont les USA et l’Allemagne, conscientes du rôle stratégique tampon de la Tunisie, seule rescapée des révolutions arabes.
S.S