Tunisie. La discrète réunion entre le gouvernement Bouden et la Banque mondiale

 Tunisie. La discrète réunion entre le gouvernement Bouden et la Banque mondiale

La cheffe du gouvernement Najla Bouden s’est entretenue via visioconférence avec une équipe de la Banque mondiale dirigée par le vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Ferid Belhaj. Une communication plutôt opaque sur le contenu de la réunion alimente les spéculations.

Etaient présents à la Kasbah le ministre de l’Economie et de la Planification Samir Saied, la ministre des Finances Sihem Nemssia et gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) Marouane Abassi, outre des membres du cabinet ministériel de la cheffe du gouvernement.

« La réunion a été une occasion pour échanger les points de vue sur la situation économique et sociale de la Tunisie et des moyens pour la surmonter. Elle a également permis d’évoquer les mesures les plus importantes à prendre pour redynamiser le cycle économique et créer de la richesse, en particulier dans cette conjoncture économique difficile », peut-on lire dans un communiqué quelque peu évasif, côté tunisien, le lendemain de la réunion à distance.

« De son côté la Banque mondiale a renouvelé son engagement à soutenir le programme de relance économique en Tunisie afin de parvenir à une croissance inclusive et durable, et d’assurer le financement du programme de couverture sociale », poursuit la même source.

 

Mutisme de la primature

Le vice-président de l’institution de Bretton Woods pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Férid Belhaj, a cependant été un peu plus explicite en soirée à la sortie de la réunion. Dans un tweet publié sur son compte Twitter, Belhaj affirme que cette réunion intervient « au moment la Tunisie connaît une situation délicate aux plans économique et social ».

Mais plus préoccupante encore que le président de la République Kais Saïed qui n’a livré qu’une unique conférence de presse en 2 ans à l’occasion de la récente visite du président algérien, la cheffe du gouvernement Najla Bouden se mure dans un mutisme qui agace de plus en plus une presse nationale lésée de se voir ainsi snobée par une stratégie de communication d’un autre temps.

D’autres expliquent ce silence par un souhait de Carthage de conduire des négociations discrètes via le gouvernement Bouden dans la mesure où la nature même de ces pourparlers implique un modèle économique libéral, en contradiction avec la rhétorique de plus en plus collectiviste du projet de Kais Saïed qui cache à peine une doctrine mutuelliste.

Allié du président Saïed, le député souverainiste Badreddine Gammoudi s’est fendu d’une réaction incrédule dans la soirée de mardi à mercredi : « Celui qui attend le miracle du basculement soudain dans la prospérité, sans projet, ni sacrifices est semblable à ceux qui attendent l’arrivée du printemps dans un désert aride ».

Au moment où les fuites se multiplient à propos du projet de loi de finances 2022, le gouvernement Bouden sollicitait également mardi l’aide de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), avant de révéler les contours d’un budget qui s’annonce particulièrement impopulaire.