Tunisie. La campagne de vaccination perturbée par une grève
Le personnel de la santé dans les hôpitaux publics a mis à exécution l’entame d’une grève nationale de 3 jours aujourd’hui lundi 3 mai. Déjà parmi les moins performantes au monde, la campagne de vaccination s’en trouve grandement perturbée, causant des scènes de chaos dans la plupart des centres restés ouverts au public.
Des citoyens ont documenté en vidéo la désorganisation qui régnait notamment à el Menzah où se trouve l’un des plus grands centres de vaccination de la capitale
Face à une opinion incrédule, le secrétaire général du Syndicat des médecins, médecins dentistes et pharmaciens de la santé publique, Noureddine Ben Abdallah, avait indiqué dès la veille que la grève annoncée les 3,4 et 5 mai courant serait finalement maintenue. En cause, l’échec d’un marathon de négociations avec la partie gouvernementale consacré aux nombreuses revendications du secteur.
Le cadre syndical a ainsi précisé que la partie syndicale avait constaté « un manque de sérieux de la part du gouvernement dans le traitement des revendications professionnelles des médecins et pharmaciens de la santé publique ». « L’infrastructure sanitaire est au bord de l’effondrement ! », a-t-il martelé.
Diplômes et prime Covid-19
Durant près de 12 heures, le dernier round de négociation s’était déroulé en présence de la ministre chargée de la Fonction publique, Hasna Ben Slimane, du ministre de la santé, Faouzi Mehdi, et du secrétaire général adjoint de l’UGTT Monêem Amira. Principaux points de discorde : la révision du décret gouvernemental de 2019 fixant le cadre général du régime des études et des conditions d’obtention des diplômes, ainsi que « la création d’une prime des pandémies » et la titularisation des médecins temporaires.
De fait, la grève concerne tous les médecins exerçant dans les centres de santé de base, les hôpitaux locaux, régionaux et hospitalo-universitaires, les médecins spécialistes de la santé publique et les médecins dentistes, pharmaciens et médecins temporaires, contractuels et contrôleurs.
Ben Abdallah a souligné qu’absolument tous les services de santé seront suspendus y compris la vaccination contre le coronavirus et le prélèvement d’échantillons, à l’exception des services des urgences et de dialyse qui arboreront un brassard rouge durant la grève.
Intervenant « en plein effort de guerre » commentent de nombreux internautes, ce mouvement social divise profondément la toile tunisienne, certains allant jusqu’à le criminaliser et à faire intervenir l’armée. Pour l’autorité de tutelle qui appelle à la levée de la grève, sans quoi ce sont plus de 40 mille Tunisiens qui ne pourront pas bénéficier de la première ou de la seconde dose de vaccin durant les prochaines 72 heures.