La Belgique souhaite débarquer les migrants en Tunisie

 La Belgique souhaite débarquer les migrants en Tunisie


« Il n'y a pas d'autre solution », a affirmé dimanche le secrétaire d’État belge à l’Asile et à la Migration, Theo Francken, sur la chaîne de télévision RTL. Face aux arrivées de migrants, le cadre du parti nationaliste flamand N-VA suggère qu’il faut proposer à la Tunisie des « compensations » pour qu’elle accepte d’accueillir les personnes secourues ou interceptées en mer Méditerranée.


« Nous devons faire une offre plus élaborée, comme nous l’avons fait avec Monsieur Erdogan en Turquie », explique M. Francken, en référence à l’accord controversé conclu en 2016 entre l’Union européenne et la Turquie. L’Europe a ainsi accordé une enveloppe de 3 milliards d’euros à Ankara qui s’est engagé à prendre des mesures pour bloquer les départs de migrants depuis ses côtes vers les îles grecques voisines. Cette monétisation de la liberté de circulation des personnes, en particulier des nombreux Syriens qui tentaient de rejoindre l’Europe, avait été largement dénoncée par les associations et les organisations humanitaires.


Le secrétaire d’État belge indique par ailleurs s’être rendu en Tunisie en juillet avec Jan Jambon, Vice-Premier ministre belge, Steven Vandeput, ministre fédéral de la Défense, et avoir eu « fait une grande et très belle discussion avec le Premier ministre tunisien » Youssef Chahed. « Il y a des possibilités, mais nous devons être très clairs », ajoute-t-il.


Le journaliste Christophe Deborsu rappelle pourtant que « la Tunisie n’a pas l’air d’accord avec (cette) solution ». « Nous devons faire une offre plus élaborée, comme nous l’avons fait avec Monsieur Erdogan en Turquie », répond M. Francken, qui entend bien faire changer d’avis les autorités tunisiennes tout en se gardant de donner des détails sur les compensations qu’il pourrait proposer. Dans ce scénario, les migrants « ne pourraient plus venir sur notre continent, et c’est en Tunisie qu’on déciderait si oui ou non, ce sont de “vrais réfugiés” », explique-t-il en ajoutant « Il n’y a pas d’autre solution ».


L’idée de proposer à la Tunisie d’abriter un camp pour débarquer les migrants et y déterminer leur éligibilité à l’asile n’est pas nouvelle. En marge de sa visite à Berlin en février 2017, Youssef Chahed avait déjà catégoriquement refusé cette option en renvoyant dos à dos Libyens et Européens. La position tunisienne a été réaffirmé en juin dernier par Tahar Cherif, ambassadeur auprès de l’Union européenne. Les défenseurs des droits de l’Homme rappellent également que la Tunisie ne dispose pas de législation en matière d’asile et n’offre pas de garantie pour l’accueil de migrants.


Rached Cherif


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