L’UGTT annonce deux jours de grève générale
Le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi a annoncé que la commission administrative nationale a décrété une grève générale dans l’ensemble du secteur public le 24 octobre 2018. « Une décision historique », se targue le numéro 1 de la centrale syndicale.
Taboubi ajoute qu’une grève générale, dans la fonction publique cette fois, est prévue le 22 novembre 2018. « Cette décision intervient notamment en réponse à la dégradation de la situation politique et sociale du pays, la persistance de l'économie parallèle de la contrebande, ainsi que le baisse du pouvoir d’achat des Tunisiens. L’intention du gouvernement de céder certains établissements publics afin de combler les déficits budgétaires fait aussi partie des motivations de cette grève générale », a-t-il explicité.
Il y a 48 heures, l’UGTT avait pourtant conclu un accord avec la centrale patronale UTICA pour une augmentation dans le secteur privé de 6,5%, via une médiation gouvernementale.
Un avertissement politique
Fait rare en Tunisie, outre la célèbre grève générale dite du « jeudi noir » des 26 et 27 janvier 1978, le pays a cela dit connu trois grèves générales entre 2011 et 2013, mais cette arme ultime de l’incontournable UGTT n’est toujours brandie qu’en dernier recours, et provoque généralement des séismes politiques.
Signe que c’est désormais l’impasse totale entre le gouvernement Chahed et l’UGTT, cette dernière aura donc mis à exécution ses menaces de grève générale qui sont d’actualité depuis juillet dernier, au mépris des dernières tentatives en date de médiation, notamment celle engagée par Mohamed Ennaceur, le président de l’Assemblée des représentants du peuple, en vain.
En l’occurrence ciblant tour à tour le secteur public puis l’ensemble de la fonction publique en deux étapes, les grèves générales d’octobre et de novembre prochains sonnent comme autant de frappes préventives, au moment où le gouvernement semble impuissant face à une inflation galopante de quasiment 8%, un record que la Tunisie n’avait plus connu depuis 1986. L’annonce laisse en tout cas augurer d’un hiver social des plus chauds qui soient.
Réaction immédiate de Chahed
Au lendemain de l’annonce nocturne de grève générale, le chef du gouvernement Youssef Chahed a présidé dès ce matin vendredi 21 septembre au Palais de la Kasbah un conseil ministériel restreint aux allures de conseil de crise.
A l’ordre du jour, « la maîtrise des prix des matières de première nécessité et la préservation du pouvoir d’achat du citoyen », tandis que le porte-parole du gouvernement sillonne les médias locaux pour marteler que le gouvernement n’a pas l’intention d’engager d’autres majorations des prix à la consommation des matières premières. Une déclaration qui contredit des sources du ministère du Commerce qui avaient bien déclaré récemment qu’il était question d’une « augmentation progressive de ces prix en trois étapes », le FMI ayant demandé l’élimination des subventions jugées archaïques.
Dahmani assure pour sa part que des commissions gouvernementales sont chargées en revanche de rediriger les compensations des produits de première nécessité vers les populations nécessiteuses, en concertation avec les partenaires sociaux.
Quant au président de la République Béji Caïd Essebsi, il aurait accordé un entretien exclusif sur la chaîne privée al Hiwar, attendu pour lundi soir, avec Mariem Belkadhi comme seule intervieweuse. S’il venait à recourir à l’article 99 de la Constitution, qui prévoit de demander aux députés de procéder à un vote de confiance au gouvernement, cela pourrait porter un coup de grâce à un exécutif déjà en grande difficulté.
Seif Soudani