L’OMCT organise une visite de la prison du 9 avril guidée par une victime de torture
L’OMCT Tunisie organise une journée de commémoration et de sensibilisation placée sous le mot d’ordre « Tous unis contre la torture ».
À l’occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture le 26 juin, le bureau tunisien de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), ainsi que d'autres organisations de la société civile, proposent un programme mêlant souvenirs, hommage et performances artistiques, avec notamment la visite symbolique de l’ancienne prison du 9 avril, où de nombreux opposants ont subi les mauvais traitements des régimes autoritaires d’avant la révolution.
Transformer la prison du 9 avril en mémorial
La journée, placée sous le mot d’ordre « Tous unis contre la torture », débutera à 10 h par une marche qui partira du palais de justice de Tunis pour se diriger vers le lieu où s'élevait l’ancienne prison civile du 9 avril, symbole de la politique de répression sous la dictature. « Nous avons décidé de renouveler cette marche pour deux raisons : d’abord pour l’action de commémoration elle-même, mais aussi pour demander aux autorités d'élever à cet endroit un mémorial pour les victimes de torture », explique Emtyez Bellali, coordinatrice des activités de sensibilisation à l’OMCT Tunisie.
L’idée de transformer la prison en musée n’est pas récente. Dès 2012, les autorités tunisiennes ont annoncé la création d’un « musée de la mémoire nationale » dans ce qui reste du bâtiment partiellement détruit aujourd’hui à l’abandon. L’OMCT et les organisations partenaires veulent maintenir la pression pour que le projet aboutisse.
Raconter la torture au public
La visite des sous-sols, qui eux subsistent, sera notamment guidée par Sadok Ben Mhenni, opposant de gauche sous Bourguiba et Ben Ali et ancien « pensionnaire » de la prison du 9 avril. Comme de nombreux autres opposants, il y a subi la torture pendant son incarcération dans le but de le dissuader de poursuivre ses activités politiques.
Au moment où les forces de sécurité tunisiennes sont accusées de continuer d’avoir recours aux mauvais traitements, la société civile tunisienne et internationale tente de sensibiliser le public à cette question. La lutte anti-terroriste face au péril jihadiste de doit en aucun cas justifier le recours à la torture, selon Mme Bellali. « Ce que peuvent nous raconter des personnes qui ont subi ces traitements inhumains, comme Sadok Ben Mhenni, aide à faire comprendre le danger et l’inefficacité de telles pratiques ».
La journée du 26, juin se clôturera sur l’avenue Bourguiba, où l’OMCT et les 25 ONG partenaires dresseront une tente pour rencontrer le public et échanger sur le thème de la torture. Des concerts des groupes tunisiens « Fnar » et « Hamam Bidh » sont également prévus pour égayer la soirée en cette période de ramadan. « Nous terminerons avec le déploiement d’une banderole avec un message surprise, accompagné par le violon d’un petit garçon devant le théâtre municipal de Tunis », annonce la militante de l’OMCT.
Rached Cherif
