L’ISIE n’aurait aucune intention d’annuler le scrutin

 L’ISIE n’aurait aucune intention d’annuler le scrutin

Conférence de presse de l’ISIE. Palais des congrès de Tunis


L’Instance supérieure indépendante pour les élections se dit déterminée à organiser le second tour de l’élection présidentielle à temps, soit le 13 octobre 2019, bien qu’elle se dise par ailleurs « consciente de l’existence d’une crise morale, politique, légale et constitutionnelle », et « embarrassée » par le maintien de l’un des deux candidats en lice en détention.


Membre du Conseil de l’ISIE, Adel Brinsi précise qu’il ne faudrait pas interpréter les déclarations de son président à propos de la possibilité d’un recours en justice contre résultats de l’élection présidentielle comme une intention d’annuler ou de reporter cette élection.


Brisni réitére donc que l’Instance est « appelée à faire réussir le processus électoral et démocrate, ainsi qu’à respecter les délais constitutionnels, sachant que le président de la République provisoire ne doit pas dépasser en vertu de la Constitution les 90 jours en fonction intérimaire.


Sur Nessma TV, le président de l’ISIE Nabil Baffoun a ouvertement appelé à la libération du candidat Nabil Karoui, au nom de l’égalité des chances, afin que ce dernier puisse faire campagne, mais tout en rappelant l’indépendance de la justice.


Pour ce faire, l’ISIE a envoyé plusieurs correspondances au ministère de la Justice, au Conseil supérieur de la Justice, à la Cour d’appel et au juge d’instruction chargé de l’affaire pour requérir l’équité des chances entre les candidats à l’élection présidentielle, Kais Saïed et Nabil Karoui.


 


Tous les pourvois en appel rejetés


Les pourvois en appel déposés au Tribunal administratif contre la validité des résultats du premier tour de la présidentielle anticipée ont quant à eux tous rejetés hier lundi, selon le porte-parole du Tribunal, Imed Ghabri.


Ainsi l’assemblée plénière des chambres d’appel près du Tribunal administratif a décidé de rejeter l’ensemble des pourvois intentés par 6 des 26 candidats à l’élection présidentielle anticipée, contre les résultats du premier tour. Les six candidats sont Seifeddine Makhlouf, Abdelkrim Zbidi, Slim Riahi, Hatem Boulabiar, Néji Jalloul et Youssef Chahed.


Bien que simplement formel, le recours de Makhlouf, qui dénonçait une différence de près 300 mille voix entre les annonces de résultats faites par l’ISIE à deux moments différents, a provoqué un certain malaise chez une partie du camp Kais Saïed qui accuse Seifeddine Makhlouf d’ambiguïté dans son soutien du favori à la présidentielle.   


 


Mauvais signal pour la campagne de Nabil Karoui


Une source au ministère de la Justice a en outre affirmé que l’Inspection générale a soumis son rapport relatif aux procédures d’émission de deux mandats de dépôt à l’encontre de Nabil et Ghazi Karoui, fin août dernier.


La source, qui a refusé de revenir sur les détails du rapport dans le souci de protéger les données personnelles qui y sont incluses, s’est ainsi contentée de conclure à la régularité des procédures juridiques en la matière.


Le ministre de la Justice, Mohamed Karim Jamoussi, avait ordonné la prise en charge par l’Inspection générale des circonstances de l’émission des mandats de dépôt contre Nabil et Ghazi Karoui et de s’assurer de la légalité des procédures.


Le procureur général près la Cour d’appel a affirmé que Nabil Karoui a été arrêté le 23 août suite à une plainte déposée par l’organisation I Watch datant de 2016 pour suspicion de blanchiment d’argent, d’évasion fiscale et d’escroquerie impliquant également son frère et associé Ghazi Karoui, actuellement en fuite.


Prévu mercredi dernier, l’examen de l’affaire Nabil Karoui, candidat au deuxième tour de la présidentielle, a été reporté au mercredi 2 octobre, en raison de la concomitance entre la date de l’audience et la grève des magistrats.


Le 5 septembre, la chambre d’accusation près la Cour d’appel de Tunis avait rejeté la demande de libération de Karoui, tout en décidant de maintenir les mesures préventives à son encontre, lesquelles concernent l’interdiction de voyage et le gel des avoirs. Le candidat qui a récolté 15,5% des voix au premier tour de la présidentielle se trouve toujours en détention préventive à la prison de la Mornaguia.


De son côté, le candidat Kais Saïed a affirmé au micro de la chaîne Al Jazeera hier lundi 30 septembre, qu’il n’a « aucune responsabilité face à l’absence de son adversaire politique durant la campagne électorale », et qu’il s’estime être « le grand perdant face à l’absence de l’égalité des chances ».


 


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