L’incroyable histoire de Fathi Bayoudh, victime tunisienne de l’attentat d’Istanbul
Son nom figure parmi les victimes de l’attentat-suicide qui a frappé le 28 juin l'aéroport international Atatürk d'Istanbul : le médecin-colonel tunisien était parti en Turquie pour tenter de rapatrier son fils arrêté dans les prisons turques pour avoir rejoint les rangs de l’Etat Islamique en Syrie. Une histoire digne d’une fiction, mais pourtant vraie.
Son histoire tragique se propage dans le monde entier, ému par le sort singulier d’un courageux père aux prises avec « ISIS » (l’EI), faisant les titres y compris du New York Times. C’est un communiqué du ministère tunisien des Affaires Étrangères qui a révélé l’identité du colonel-major Fathi Bayoudh, directeur du service pédiatrique à l'hôpital militaire de Tunis. Mais plus que son statut et sa notoriété, ce sont les raisons de sa présence en Turquie qui sont singulières…
D’après un proche de sa famille qui confirme nos premières informations, Fathi Bayoudh était sur place depuis plusieurs semaines dans l’espoir d’obtenir le rapatriement de son fils, capturé et incarcéré après avoir rejoint l’organisation Etat islamique en Syrie. Espoir entretenu par le consulat général tunisien avec lequel il collaborait activement.
En 2014, le jeune Anouar, fils unique et apprenti pilote d’avion, avait appris à son père qu’il partait pour un stage en Suisse, avant de téléphoner à sa mère, peu de temps après, pour lui dire qu’il était arrivé en Syrie, via l’Irak, et qu’il s’était marié sur place avec une tunisienne partie avec lui. Dès cet instant, ses parents vont se résoudre à tout faire pour le faire revenir sur sa décision.
Fayçal Ben Mustapha, directeur général des Affaires consulaires au ministère des Affaires étrangères, confirme que le jeune homme s'était rendu en Irak puis en Syrie, avant d’être placé en détention en Turquie. Il se serait par ailleurs engagé à apporter son aide aux autorités tunisiennes à propos des filières de recrutement pour le djihad.
« On ne sait pas précisément ce qu'il a fait », a toutefois ajouté Ben Mustapha, précisant que le consulat de Tunisie à Istanbul était en contact avec la famille Bayoudh depuis décembre 2015. D'après un responsable du ministère de la Défense, Fathi Bayoudh s'était rendu à l'aéroport pour accueillir son épouse, et était dans l’aire d’attente au moment de l’attentat.
De nombreux hommages
Les hommages rendus à ce père et pédiatre de renom sont multiples sur les réseaux sociaux. L’un de ses collègues à l’institution militaire a notamment écrit que le docteur était « l’homme le plus noble et le plus doux qu’il n’a jamais connu ».
D’après Mosaïque FM qui cite une source militaire, la dépouille de Fathi Bayoudh arrive à son domicile aujourd’hui jeudi. Il sera inhumé dans sa région natale de Ksour Essef, gouvernorat de Mahdia.
Pour rappel, au moins 41 personnes sont mortes et 239 ont été blessées mardi soir dans un triple attentat suicide perpétré à l'aéroport international Atatürk d'Istanbul. Alors que les autorités turques et la CIA soupçonnent l’EI via un faisceau de preuves de plus en plus précis, l’organisation terroriste n’a pour l’instant pas revendiqué l’attentat.
S.S