L’ancien président Marzouki se retire de la vie politique

 L’ancien président Marzouki se retire de la vie politique

Moncef Marzouki lors d’une conférence à Londres


L’ancien président de la République Moncef Marzouki a annoncé dimanche soir 24 novembre avoir pris la décision de se retirer de la vie politique. Dans une « dernière allocution » vidéo à caractère politique, visiblement ému, il évoque une « décision irréversible » où il tire les conséquences d’un échec cuisant personnel et collectif, celui de son parti, aux dernières élections présidentielles et législatives.



 


Adressée « au peuple » et non sans « une certaine amertume » de l’aveu même de Marzouki, le speech improvisé annonce également sa démission de la présidence du parti Al-Harak, héritier du CPR, parti qu’il a fondé en décembre 2015.


A 74 ans, le médecin militant des droits de l’homme se dit fier que ses principaux idéaux se soient selon lui imposés et qu’il ait assumé la fonction présidentielle (2011-2013) « aux heures les plus difficiles de l’histoire de la Tunisie ». Autre référence aux révolutions arabes, il se dit outré du désintérêt affiché face aux révoltes en cours dans la région, notamment au Liban : « ces révolutions nous concernent toujours », a-t-il martelé.   


Accaparant une grande partie de son discours, la mise en garde contre toute tentation d’amendement constitutionnel arrive en tête de ses préoccupations : « Ceux qui vous disent que tous nos problèmes, en Tunisie, viennent de l’abandon du régime présidentiel vous mentent », a-t-il averti, s’octroyant en partie la paternité de la Constitution de 2014 qu’il considère comme rempart définitif au despotisme. Un texte « qui nous prémunit contre des scénarios contemporains que l’on peut observer aujourd’hui encore en Pologne ou encore en Hongrie ».   


Moncef Marzouki a consacré le reste de cette allocution à diverses thématiques écologistes, dont la souveraineté agricole et le péril régional de la pénurie en eau, accusant l’Occident d’être le premier responsable de cette situation, et appelant à nouveau à la soustraction de certaines dettes, notamment auprès des bailleurs de fonds européens.    


Ecologiste invétéré, qui a durant son mandat tenté de s’inspirer de certains modèles en Amérique latine dont l’Equateur et le Pérou, Marzouki est taxé par ses détracteurs de « tiers-mondisme ». Avec cette allocution d’adieux, à laquelle des Tunisiens ne croient qu’à moitié, le conférencier et le militant historique qu’il est montre en tout cas un souci évident de se doter d’une stature internationale.