L’affaire Lazard Banque embarrasse le ministre du Développement

 L’affaire Lazard Banque embarrasse le ministre du Développement

Yassine Brahim. Crédit photo Seif Soudani


Parfum de scandale à la séance d’audition de membres du gouvernement vendredi 30 octobre par la commission des Finances de l’Assemblée des représentants du peuple. Un document accablant a fuité du ministère du Développement de Yassine Brahim, faisant état d’un contrat conclu avec le Groupe Lazard, en vue de superviser le prochain plan quinquennal du pays. Des élus d’opposition, dont Mehdi Ben Gharbia, dénoncent une atteinte à la souveraineté nationale. 


« Nous sommes très surpris d’entendre parler d’un accord entre le ministre de l’Investissement, du Développement et de la Coopération internationale et son département d’une part, et une banque étrangère d’autre part, en vertu duquel celle-ci se charge de structurer et classer les priorités du prochain plan quinquennal », s’indigne l’élu de l’Alliance démocratique, lui-même homme d’affaires, à l’image de Yassine Brahim, entrepreneur dans le domaines des nouvelles technologies en France dans les années 2000.


« Il est inadmissible qu’une banque étrangère joue le rôle de coordinateur entre les ministères tunisiens et l’administration, et fixe les priorités de notre plan de développement », explique Ben Gharbia.  


 


« La Tunisie a-t-elle bien obtenu son indépendance ? »


La formule est du même député. Lazard est un groupe mondial de conseil financier et de gestion d’actifs. Entreprise franco-américaine à sa création en 1848, Lazard est aujourd’hui cotée à la bourse de New York et est présente dans 27 pays.  


Contrairement à de nombreux groupes bancaires dont l’activité de banque d’affaire est accessoire, Lazard se concentre sur son activité de conseil financier (conseil stratégique, fusions-acquisitions, restructuration, marchés de capitaux, structures de bilan, levées de fonds, etc.), ainsi que de gestion d’actifs pour des clients institutionnels, entreprises ou particuliers. Le groupe dispose aussi d’une branche « Real estate » (immobilier).  


« La République tunisienne souhaite confier à la banque française privée Lazard la mission de l’assister en qualité de conseiller stratégique et financier dans l’élaboration du document du plan de développement, ainsi que dans la sélection et la structuration des programmes phares et leur promotion auprès des investisseurs ».


Ce sont les termes du contrat qu’aurait soigné le ministre du Développement, révèle le site Espace Manager, avec cette institution étrangère, pour un montant colossal de 500.000 euros, soit un peu plus d’1,1 million de dinars. Le nouveau président de la commission des Finances Iyed Dahmani, s’est dit choqué à son tour, et a déclaré vouloir en savoir davantage sur les termes de référence et sur le texte de l’appel d’offre.


En fin de journée, le ministre a tenté de minimiser l’affaire en expliquant qu’il ne s’agissait que d’une simple consultation, « ouverte à la concurrence ». Problème, « le gouvernement tunisien s’engage à communiquer les informations jugées utiles à la banque » d’après le texte, sans compter que « le contrat est soumis à la loi française ».


Une affaire qui soulève quoi qu’il en soit les problématiques d’ordre éthique inhérentes au néolibéralisme et au partenariat public-privé cher au parti d’origine de Yassine Brahim Afek Tounes, surtout dans des domaines aussi sensibles que le développement et la défense nationale.  


 


S.S