Kais Saïed déclare le 17 décembre jour de fête nationale
Après de longues heures d’incertitude sur sa présence, le président de la République Kais Saïed s'est finalement rendu dans l’après-midi de ce mardi 17 décembre 2019 au gouvernorat de Sidi Bouzid, pour y prendre part aux commémorations du neuvième anniversaire du déclenchement de la révolution.
Quelques heures plus tôt, Youssef Jallali, membre de l’instance dirigeante du Festival international dit du 17 décembre 2010, avait exprimé le vif mécontentement de la commission face à l’absence des représentants des trois présidences de la République, du Parlement et du gouvernement, et ce « malgré l’envoi des invitations officielles » qui leur furent adressées.
Mais il semble que des impératifs d’ordre sécuritaire aient causé le flottement qui a engendré le retard présidentiel, en cette première commémoration depuis l’élection de Saïed à la magistrature suprême, et où le nouveau président était particulièrement attendu dans ce berceau historique de la révolution de la dignité, son élément naturel théorique, lui qui depuis 2011 et surtout sa victorieuse campagne électorale, s’est fait le chantre de la cause révolutionnaire.
Durant les années post révolution, divers cortèges et discours présidentiels, y compris ceux de la troïka et du président pro révolution Moncef Marzouki, avaient essuyé des jets de pierre et de nourriture dans ce qui reste un véritable chaudron social à ciel ouvert, les obligeant à quitter les lieux prématurément.
Déclaration de guerre aux « comploteurs »
Aussitôt arrivé, le chef de l’Etat a réitéré dans un discours véhément sa rhétorique de la « continuation de la révolution légitime », tout en s'engageant à réaliser les revendications des citoyens « en dépit des manœuvres et des machinations ». Une formule sibylline qui a attiré l’attention de l’opinion et des médias, d’autant que le président fraîchement investi avait récemment tenu à faire le déplacement à Ouerdanine (Monastir) où les rumeurs de présence de caches d’armes et de grand banditisme à caractère putschiste ont refait surface.
Annonce phare de son allocution prononcée sur place, à Sidi Bouzid, le président Kais Saïed a martelé que la révolution tunisienne sera dorénavant célébrée le 17 décembre de chaque année, expliquant cette décision éminemment politique par sa lecture sans concession de cet évènement : « le peuple s’est révolté le 17 décembre, et sa révolution a été avortée le 14 janvier ! »… Allusion à l’immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010, puis à la fuite du dictateur déchu Ben Ali le 14 janvier qui s’en était suivie.
Saïed a enfin fait savoir qu'il reviendrait prochainement au gouvernorat de Sidi Bouzid afin d'y annoncer la mise en place de nombre de projets « dès que les financements nécessaires sont disponibles », tout en rassurant les nombreux jeunes chômeurs de la région en leur promettant « le plein emploi ».
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