Tunisie. Justice : Safi Saïd et Walid Mejri maintenus en liberté

 Tunisie. Justice : Safi Saïd et Walid Mejri maintenus en liberté

Rassemblement à l’appel du SNJT aux abords du Tribunal de première instance de Tunis

Les deux figures connues respectivement du monde politique et celui de la presse ont été libérées le 22 août. Pour autant, l’opposition estime qu’il n’y a pas lieu de parler de fléchissement dans la dure politique judiciaire en vigueur en cette période pré-électorale.

Le ministère public près le tribunal de première instance à Kasserine a ainsi transféré les dossiers de l’activiste politique Safi Saïd et de son accompagnant au tribunal cantonal de Feriana, a-t-on appris hier jeudi. A ce titre, le nationaliste Saïd est l’un des rares opposants politiques de l’actuel régime à pouvoir bénéficier d’une telle clémence, spécialement eu égard aux faits qui lui sont reprochés.

Car maintenu en liberté, Safi Said est accusé de franchissement illicite des frontières terrestres tunisiennes, explique le porte-parole des tribunaux de Kasserine Riadh Nouioui, vers Annaba. Dans une déclaration accordée aux médias nationaux, Nouioui a précisé que Saïd était accompagné de son chauffeur personnel, interpellé à son tour.

Rappelons que le ministère public près le tribunal de première instance de Kasserine avait placé l’ex candidat à la présidentielle d’octobre prochain et son chauffeur privé en garde à vue, alors qu’il était interdit de voyage par les autorités judiciaires, pour franchissement illicite des frontières terrestres. Le verdict final pourra renseigner sur le fait qu’il s’agit ou non d’une politique de désescalade du pouvoir envers ses adversaires politiques.

 

Non-lieu en faveur du journaliste Walid Mejri

Le même jour, le Tribunal de première instance de Tunis a prononcé le 22 août un non-lieu en faveur du journaliste et directeur du site “Al-Qatiba” (journalisme d’investigation), Walid Mejri. Le journaliste en question comparaissait devant le tribunal pour contester un jugement par contumace émis en 2023, le condamnant à un an de prison suite à une plainte déposée contre lui par le mandataire général des contentieux de l’État au nom du ministère de l’Intérieur en 2017. L’intéressé dit avoir découvert la plainte seulement le mois dernier, lors d’un contrôle routier.

Plus tôt dans la journée, des journalistes et activistes de la société civile ont observé un sit-in de solidarité devant le tribunal de première instance de Tunis pour soutenir le journaliste Walid Mejri, à l’appel du Syndicat des journalistes.

 

Soupçons de maltraitance sur Ghazi Chaouachi

Toujours le 22 août, Sara Chaouachi a publié un texte concernant son père, l’opposant Ghazi Chaouachi, ex ministre et ex député détenu depuis plus d’un an et demi. Dans son post, elle décrit la détérioration alarmante de l’état de santé de son père, survenue à la suite de négligences médicales en prison.

« Aujourd’hui, mon père, Ghazi Chaouachi, le prisonnier politique et détenu arbitrairement par l’État tunisien pour son opposition au régime depuis un an et demi, a perdu connaissance en prison, ce qui a entraîné une blessure à la cuisse. Mon père a 61 ans et souffre d’antécédents médicaux, y compris un ulcère gastrique compliqué par un choc hémorragique, et il est susceptible de saigner à nouveau, surtout qu’il prend des anti-inflammatoires pour d’autres maladies chroniques »… « Le directeur de la prison, qui a refusé son droit aux soins et à une surveillance médicale », dénonce-t-elle.

Une déclaration qui vient rappeler les préoccupations légitimes s’agissant du traitement des prisonniers politiques en Tunisie et les conditions dans lesquelles ils sont encore souvent détenus.