Jazz à Carthage 2015 : la culture malgré tout… et pas n’importe laquelle
Le festival « Jazz à Carthage », rendez-vous incontournable pour les mélomanes de Tunisie et d’ailleurs, a bien lieu. Initialement prévue pour le 8 avril, la grand-messe a bien démarré le 10 grâce à la confirmation de la venue de la quasi-totalité des artistes programmés, et ce, malgré la récente attaque terroriste qui a ciblé la capitale tunisienne.
L’ombre de Nina Simone
Parce que la culture est l’une des armes les plus efficaces contre la barbarie, on ne peut que saluer la détermination des organisateurs, des artistes et du principal sponsor pour le maintien de la grande fête tunisienne du jazz, qui en est déjà à sa 10e édition. Au menu de la deuxième soirée, peut-être l’une des artistes les plus attendues de tout le programme : Lisa Simone.
L’Américaine a non seulement hérité de sa mère Nina un nom devenu mythique, mais aussi une voix et un sens artistique incontestable. Mélangeant les classiques chantés en hommage à son illustre génitrice comme « Ain’t got no, I got life » et des créations originales issues de son album « All is well » sorti en 2014, Lisa Simone n’a pas raté son rendez-vous avec le public tunisien. La chanteuse s’est même permis de faire le tour de la salle pour saluer un public conquis par son timbre et son rythme. La tâche de sortir de l’ombre de sa mère n’était pas gagnée d’avance, mais Lisa a pu compter sur un trio de musiciens américano-afro-caribéen talentueux.
Luca Sestak : le piano, le jazz, l’excellence tout simplement
L’alternance entre les balades dans la pure tradition du blues et le déchainement d’énergie d’un jazz plus enlevé aurait presque fait oublier une première partie plus que séduisante assurée par le pianiste allemand Luca Sestak. À seulement 21 ans, le jeune virtuose est promis à un bel avenir tant sa palette de compositions impressionne par sa richesse.
Des chansons de blues les plus connues à ses propres créations de boogie-woogie, le jeune Allemand a fait très forte impression sur une salle avec laquelle il n’a pas hésité à plaisanter, montrant au passage ses –petites- notions de tunisien. Le public, et notamment de nombreux Allemands venus voir leur compatriote, retiendra certainement le nom de Luca Sestak, l’une des belles découvertes du festival, qui il est vrai, nous a habitué à dénicher des talents aux quatre coins du monde.
Rached Cherif