Tunisie – Italie. Une filiale migration clandestine « pour VIP » démantelée
L’affaire est plutôt insolite, même si l’on en connaissait l’existence par ouï-dire. Le site anglophone BNN révélait le 21 février l’existence d’un réseau de passeurs de migrants clandestins VIP « haut de gamme », composé d’une douzaine de ressortissants italiens et tunisiens, notamment vers les côtes siciliennes via le recours à de gros et luxueux moyens. Aujourd’hui vendredi 23 février 2024, l’activiste politique et ancien député, Majdi Karbai, confirme son démantèlement.
Ainsi l’ancien élu a expliqué que le réseau en question organisait des traversées clandestines « en First class » depuis les côtes tunisiennes vers les côtes italiennes. Les passeurs, six Italiens et six Tunisiens, mettent à la disposition de leurs clients huppés des véhicules marins performants et des yachts, à mille lieues des embarcations de fortune, le tout contre des sommes allant jusqu’à 6 mille euros, soit environ vingt mille dinars. Le réseau promet par ailleurs des services de facilitation d’obtention de visas authentiques, également au prix fort.
Une opération policière conjointe a permis à l’arrestation d’une cinquantaine de migrants clandestins, dont pas moins de treize mineurs et six femmes, toujours selon Majdi Karbai. Ce dernier a indiqué qu’un changement de catégorie sociale à destination des migrants qui arrivent en Italie était aussi proposé, en somme « un pack » migration des plus complets, estimant qu’en sus des jeunes défavorisés, l’Italie serait ainsi devenue une destination de choix pour des Tunisiens fortunés dans l’incapacité légale de s’y rendre.
Une traversée qui demeure risquée
Mais derrière la promesse de confort se cache la réalité moins reluisante de la traite humaine. L’enquête aurait en effet révélé qu’entre les mois de juin et de septembre 2023, s’est déroulée une opération qui s’apparente davantage à un drame en mer. « Des pilotes experts ont manœuvré des vedettes rapides avec la précision de marins chevronnés, embarquant pour quatre voyages distincts de la Tunisie à Marsala, en Sicile », révèle BNN. Loin des images tragiques de canots pneumatiques surchargés devenus le symbole de traversées de migrants, ces embarcations transportaient des petits groupes restreints ne dépassant pas une vingtaine de voyageurs.
Sauf que ce prix élevé, tout en garantissant l’exclusivité, mettait en évidence les risques pris par ces soi-disant voyages VIP qui n’étaient rien d’autre qu’« une façade lucrative pour un sinistre commerce de vies humaines », concède la même source.
Récemment, sans doute du fait de la vitesse, des accidents ont sensibilisé les candidats potentiels à la nature périlleuse de ces voyages onéreux en méditerranée, résultant en des vies perdues ou portées disparues, sans recours pour les familles. Des incidents qui rappellent vulnérabilité des migrants à la merci des passeurs qui leur promettent un passage exempt de dangers.
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