Instances indépendantes : l’ARP achève le puzzle
La Commission électorale de l'Assemblé des représentants du peuple doit se réunir lundi prochain 7 mars pour choisir une présélection des membres de l'Instance nationale pour la prévention de la torture dont la mise en place est « presque finalisée », assure Badreddine Abdelkefi, président de la commission. Malgré le retard pris par cette instance et d’autres mentionnées dans les dispositions transitoires de la nouvelle constitution, le paysage de ces régulateurs de la gouvernance se complète lentement mais sûrement.
« Les membres de la Commission se sont engagés à se réunir à ce sujet lundi » a déclaré Abdelkefi. Il a imputé aux membres de la Commission la responsabilité du retard pris dans la mise en place de l'Instance contre la torture, en raison du phénomène de l’absentéisme chronique des députés auquel le bureau de l’ARP tente de mettre fin en mettant en place des retenues sur salaire (100dt par jour chômé à l’avenir)…
Quarante-huit noms seront présélectionnés parmi 143 candidats, a- t-il expliqué, tandis que l'ARP choisira dans la foulée, en séance plénière, les seize membres qui seront retenus.
Selon le texte de loi portant sa création, cette Instance nationale pour la prévention de la torture doit notamment s'assurer de l'inexistence de la pratique de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants, notamment dans les lieux de détention. Depuis la révolution, plusieurs ONG dont Amnesty international et l’OMCT, ainsi que plusieurs personnalités publiques dont Radhia Nasraoui, ont alerté l’opinion sur des cas de torture tenaces qui ont tendance à se multiplier au fil des ans, surtout avec une lutte contre le terrorisme mal encadrée.
De son côté l’ancienne activiste Amira Yahyaoui a affirmé sur les réseaux sociaux qu’y a quelques jours elle a appris sa nomination par le président de la République au Comité Supérieur des Droits de l'Homme et des Libertés Fondamentales, le CSDHLF, désormais inscrite noir sur blanc dans le « JORT ».
« J'ai eu l'opportunité d'être très explicite et de demander la composition qui par sa diversité et par certains noms avec lesquels je suis en total désaccords de principes, m'a paru intéressante tant le débat risque d'être un défi en soit. On m'a appris que rien n'est plus ennuyeux que de discuter avec des gens du même avis, et j'ai tendance à être d'accords.
En réalité j'ai été surprise qu'après cet article très critique à l'égard du président que j'ai écrit dans le World Post je suis quand même restée dans la fameuse liste, et en soit pour moi c'est un défi. Alors en effet, quand j'ai appris la nomination la première pensée a été de décliner, d'écrire une belle lettre comme la facebookratie en raffole et de devenir l'héroïne qui a dit Non ! J'ai passé les 3 derniers jours à penser et à peser les pour et les contre et surtout les contre.
Personnellement et pour vous dire le fond de ma pensée, je suis convaincue que le président de la république et les droits de l'homme sont deux lignes parallèles qui ne se croisent pas. Avec tout le respect que j'ai pour la position et l'honneur de Béji Caïd Essebsi sa première année de présidence a été catastrophique en termes de libertés, de réformes démocratiques, de transparence, de bonne gouvernance, des droits des jeunes, de l'équilibre entre les régions, du respect des instituons de l'état et j'en passe. Et c'est pour cette raison que je vais rester dans ce comité », explique Yahyaoui.
A l’occasion du 50ème anniversaire de la mission du Programme des Nations Unies pour le développement, les présidents de l’ISIE, de la HAICA, de l’Instance provisoire de l’Ordre judiciaire et la présidente de l’Instance Vérité & Dignité ont pris part mercredi 2 mars 2016 à une réunion du PNUD avec les instances indépendantes nées de la Constitution de la deuxième République. Une réunion sous l’égide de Mme Helen Clark, administratrice du PNUD en visite officielle en Tunisie, et M. Mounir Thabet, Coordinateur résident des Nations Unies.
Mme Clark a salué « le rôle joué par ces instances nouvellement créées dans la consolidation de l’Etat de droit, et plus généralement leur statut d’acteurs clés dans la réussite du modèle tunisien de transition et en tant qu’institutions vitales pour la régulation de la gouvernance ».
Seif Soudani