Incident diplomatique franco-tunisien à la frontière libyenne

 Incident diplomatique franco-tunisien à la frontière libyenne

Passage frontalier de Ras Jedir


Un convoi de 13 individus de nationalité française et portant des passeports diplomatiques a été interpellé au passage frontalier de Ras Jedir, transportant des armes et du matériel de renseignement. Depuis, l’officier des douanes responsable de la brève arrestation a été muté, et la polémique ne faiblit pas.


Il s'agit du deuxième incident de ce genre en quelques jours, au moment où les combats s’intensifient autour de la capitale libyenne Tripoli. L’incident intervient en effet peu après une affaire similaire : un groupe de 11 personnes, des européens dont les nationalités n'ont pas été dévoilées, avait tenté de joindre l'île de Djerba par la mer. Pour les autorités tunisiennes, les deux groupes avaient refusé de s'arrêter et n'avaient déclaré qu'une partie de leurs matériels militaires.


Pour la France et l'Union européenne, il s'agit « d'éléments sécuritaires » à Tripoli. « Faux », rétorquent les Tunisiens, qui affirment que dans les deux cas il s'agit de membres des services de renseignements.


C'est une source bien placée au palais présidentiel de Carthage qui indique que les treize Français interceptés, la semaine dernière à la frontière libyenne ne sont pas des diplomates, comme l'affirme la France, mais des membres des services de renseignements. Il en va de même pour l'autre groupe d'Européens qui ont été interceptés, en mer, au large de Djerba.


« Ces agissements portent atteinte à notre souveraineté », s'agace cette source avant d’ajouter qu’« il y a beaucoup de va-et-vient vers la Libye ». Or, selon cette même source, l'île de Djerba, dans le Sud tunisien, « est devenue une base arrière » pour les services de renseignements étrangers.


« Cette activité nous rend responsables de ce qui se passe en Libye et pourrait nous causer des ennuis… La stabilité de la Tunisie dépend de celle de la Libye », affirme cette source tunisienne. Le ministre tunisien de la Défense indiquait, il y a une semaine déjà, que ces Français travaillaient « sous couverture diplomatique ». Il n'est pas revenu sur sa déclaration, après les explications française et européenne.


 


Tripoli accuse la France de soutenir Haftar


Même son de cloche du côté libyen. Tripoli accuse ces Français de former une base mobile d'assistance, de renseignement et de conseils au maréchal Khalifa Haftar. Cette base serait située à Gheryane, à l'ouest de Tripoli.


Selon une source libyenne, proche du gouvernement d'union nationale, une quinzaine d'officiers des renseignements français seraient arrivés à Gheryane mi-février dernier. Leur mission serait d’aider les forces de Khalifa Haftar à préparer la guerre de Tripoli. Accusations qui auraient conduit le ministère de l'Intérieur libyen, le 19 avril, à cesser toute coopération avec la France.


La veille, le ministre de l’Intérieur du gouvernement d'union nationale de Fayez el-Sarraj – officiellement reconnu par la communauté internationale – s’en est pris à Paris, accusant la France de soutenir le maréchal Haftar. Des accusations rejetées par les autorités françaises. Paris a en effet rejeté les accusations de double jeu dans ce dossier, assurant soutenir le gouvernement légitime tout en souhaitant associer le maréchal Haftar aux discussions politiques.


 


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