Tunisie. Incarcération de Ajmi Lourimi, secrétaire général d’Ennahda
Le Mouvement Ennahdha a confirmé dimanche 14 juillet l’arrestation de son secrétaire général Ajmi Lourimi, ainsi que de deux autres membres du parti dans la région de Borj El Amri, précisant que cela aurait eu lieu « sans mandat judiciaire ».
Ennahdha a ainsi indiqué dans un communiqué que des agents de la Garde nationale ont vérifié l’identité de Lourimi et de ses deux accompagnateurs, les activistes Mossâab Gharbi Mohamed Ghannoudi, et leur auraient signifié qu’ils ne faisaient l’objet d’aucune poursuite ou recherche par une quelconque autorité judiciaire. Pourtant, le Parquet du Tribunal de première instance de la Manouba a émis une autorisation pour placer les trois prévenus en garde à vue.
Motifs encore inconnus
Aujourd’hui lundi, leur comité de défense a par ailleurs expliqué que l’arrestation de Mossâab Gharbi a été effectuée en exécution d’un mandat d’arrêt antérieur émis à son encontre par une juridiction de la capitale. La même source s’attend à ce qu’elle soit informée lundi du contenu des poursuites ouvertes contre Ajmi Lourimi et Mohamed Ghannoudi.
On sait cependant que les trois hommes sont déférés devant la brigade antiterroriste. « Ils n’ont pas encore eu accès à leurs avocats, et ces arrestations s’inscrivent dans un contexte de plus en plus répressif pour les opposants au pouvoir », s’indigne leur parti, même si la loi antiterroriste en vigueur permet au pouvoir judiciaire d’interdire l’accès à un avocat les premiers jours de garde à vue.
Cette nouvelle escalade à l’encontre du parti islamiste modéré s’inscrit dans le contexte délétère de précampagne de la présidentielle du 6 octobre 2024. La plupart des candidats sérieux de ce qui reste de l’opposition tunisienne ont d’ores et déjà fait état de nombreuses difficultés pour se porter comme candidats. L’Instance électorale ISIE a pour sa part publié lundi sa décision fixant les conditions et procédures de candidature.
Ce n’est pas la première fois depuis le coup force de 2021 qu’Ennahda fait l’objet d’arrestation de figures au sommet de son leadership, à commencer par son leader historique Rached Ghannouchi, en prison depuis plus d’un an, mais aussi du secrétaire par intérim du parti, Mondher Lounissi, qui était à son tour remplacé par Ajmi Lourimi. Ce dernier est décrit par l’ensemble des familles politiques du pays comme étant un réformiste pro dialogue, ayant récemment plaidé pour l’apaisement et la réconciliation avec le pouvoir du président Saïed.