Tunisie. Importante manifestation anti pouvoir à Tunis

 Tunisie. Importante manifestation anti pouvoir à Tunis

Plus d’un millier de Tunisiens, deux à trois mille selon les organisateurs, dont beaucoup de jeunes et de femmes, ont manifesté vendredi 13 septembre « en défense des droits et libertés ». A trois semaines d’un scrutin présidentiel où le président de la République Kais Saied, accusé de dérive autoritaire, brigue un deuxième mandat, l’opposition compte remobiliser la rue en en faisant un rendez-vous hebdomadaire.

 

Aux slogans de « A bas la dictature ! », « ton heure est venue », ou encore le célèbre « dégage ! » entonné au même endroit il y a plus de 13 ans, les manifestants aux abords du ministère de l’Intérieur ont cette fois scandé des messages d’une teneur inédite visant directement le chef d’Etat sortant Saïed. « Fini l’Etat policier », ont également martelé les protestataires qui ont appelé à libérer les prisonniers politiques, assurant que « le peuple veut la chute du régime ».

Depuis le début de semaine, une centaine d’individus, dont une trentaine de militants Ennahdha, ont été arrêtés pour leur appartenance à divers partis et organisations de la société civiles. Selon certaines sources proches du dossier, le motif de ces interpellations à grande échelle serait leur participation début septembre à une conférence sur la justice transitionnelle, où ont pris part à distance des ONG étrangères.

D’autres avancent par ailleurs que le coup de filet serait en lien avec les craintes des autorités d’une instrumentalisation de la manifestation de vendredi qui, fait rare, rassemblait des sensibilités de l’ensemble du paysage politique tunisien, y compris destouriens et islamistes manifestant côte à côte.

 

Le Réseau tunisien pour la défense des droits et libertés, nouvel acteur incontournable

Les manifestants étaient en l’occurrence rassemblés à l’appel d’un nouveau Réseau tunisien pour la défense des droits et libertés (FTDES), fraîchement créé, formé notamment de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, l’Association des femmes démocrates, ainsi que le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, une entité consciente de l’impératif de ne plus manifester en ordre dispersé.

Pour ce faire, ce travail de réseautage à l’ampleur ambitieuse tente de revenir à des fondamentaux et un dénominateur commun a minima, bien que son noyau dur demeure résolument progressiste. Maintenir la pression est d’autant plus nécessaire pour ce collectif que la liste des candidats à la présidentielle se tenant dans moins d’un mois a rétréci comme peau de chagrin.

Face à Kais Saïed, il ne reste plus en effet que deux concurrents : l’un de ses anciens soutiens, Zouhair Maghzaoui, un pro panarabisme, et Ayachi Zammel, un industriel libéral relativement inconnu du grand public, actuellement placé en détention provisoire pour des soupçons de « falsification de parrainages ».

Dans ce contexte, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a à son tour annoncé vendredi la création d’un Comité de soutien international aux libertés en Tunisie, composé d’une vingtaine de membres ressortissants de 13 pays dont l’Iranienne Shirin Ebadi, afin « ne pas abandonner la Tunisie à la dictature et à la misère économique ». Le comité réclame entre autres « des élections libres et transparentes et la libération de toute personne injustement détenue ».