Idéologies : Malaise en marge du bac sport
Issue du monde des ultras des stades, une tradition s’est peu à peu généralisée dans les lycées tunisiens : celle des banderoles géantes arborant divers messages et slogans guerriers ou plus simplement destinés à motiver « les troupes » lycéennes le jour de l’épreuve du bac sportif. Cette année, les élèves de deux lycées du gouvernorat de Jendouba et d’un lycée de Kairouan ont arboré les 20 et 21 avril des affiches respectivement à l’effigie d’Adolf Hitler et de l’Etat Islamique…
Si des lycées comme celui de Ouerdanine ont choisi de surfer sur l’actualité, en l’occurrence l’effort antiterroriste, ou encore une affiche à l’effigie de Steve Jobs, pour délivrer des messages plutôt conformistes et bon enfant, ce n’est pas la première fois qu’en Tunisie les lycées se font le relai d’idées d’extrême droite. C’est entre autres raisons ce qui avait poussé le ministère de l’Education à considérer en 2014 l’éventualité d’une suppression de l’épreuve du bac sport, du moins de cette tradition de la « dakhla », cérémonie d’ouverture sujette à toutes sortes de défoulements.
Ainsi des lycéens de Jendouba ont accroché en début de semaine d’énormes banderoles aux couleurs de « Daech » avec le message : « Seul le commandement de Dieu est notre credo », « Jérusalem nous voici ! », ou encore « Soldats de Dieu ». Un témoin rapporte qu’en marge de l’affiche consacrée dans un autre lycée de la région à l’éloge du IIIème Reich, les élèves ont scandé « nous vous traiterons comme Hitler a traité les juifs ».
Au lycée de Jeunes filles de Kairouan, des lycéens ont quant à eux déployé une banderole reprenant en desseins les scènes l’exécution d’otages en tenues oranges par l’Etat Islamique, ou encore celle où un pilote jordanien fut brûlé vif.
En 2011, un lycée de la banlieue sud de la capitale avait déjà arboré une banderole à l’effigie d’Adolphe Hitler faisant le salut nazi. Si d’aucuns considèrent en Tunisie que cette émulation entre idées extrêmes fait partie de la provocation entre lycées rivaux, d’autres s’inquiètent de la banalisation généralisée de l’apologie d’idées fascistes, elle-même née d’un grand déficit en matière de pédagogie historique et philosophique.
Seif Soudani