Huit heures d’interrogatoire pour Nabil Karoui
L’homme d’affaires, PDG de Nessma TV, devenu homme politique, était convoqué hier mardi par le Pôle judiciaire et financier afin d’être interrogé dans un dossier de soupçons de blanchiment d’argent. L’audition n’a pris fin que ce mercredi 24 juillet, indique son avocat Heykel Mekki pour qui « l’interrogatoire s’est déroulé dans de bonnes conditions », même si son client, candidat à la présidentielle, dénonce une tentative d’instrumentalisation de la justice.
A sa sortie du Pôle judiciaire financier, le magnat des médias a harangué la foule venue l'acclamer, en lançant qu'il "a confiance en la justice"
Nabil Karoui était pour rappel convoqué suite à une plainte déposée par l’ONG I-Watch, antenne tunisienne de Transparency international, à propos de soupçons de blanchiment d’argent. L’organisation s’est prévalu sur les réseaux sociaux d’avoir, pour ce faire, rassemblé pas moins de 700 pages de dossier, en une année de travail, en collaboration avec quatre pays.
Après avoir été entendu par le premier juge d’instruction du Pôle judiciaire économique et financier durant près de huit heures dans cette, l’avocat de Nabil Karoui, Heikal Al-Mekki, membre du collectif de défense a affirmé que « le temps imparti pour terminer l’interrogatoire n’a pas été suffisant. Il se termine mercredi en raison de la nature technique du dossier de mon client qui a présenté au juge d’instruction ses réponses dans de bonnes conditions ».
Le juriste a par ailleurs relevé que les problématiques soulevées par ce dossier étaient « complexes » et qu’elles comprenaient « de nombreux aspects comptables qui nécessitent un examen minutieux ». Il affirme que Nabil Karoui a expliqué au juge que « toutes ses transactions financières et comptables sont légales et que les données sur lesquelles la plainte a été déposée par l’organisation I Watch sont nulles ». Selon l’avocat, l’associé et frère de Nabil Karoui, Ghazi Karoui, devra à son tour être entendu.
Si le juge d’instruction avait décidé le 12 juillet de maintenir Karoui en liberté, il avait en revanche décidé de maintenir les mesures de précaution prises s’agissant de l’interdiction de voyager et du gel des transactions sur les biens de Nabil Karoui qui dirige actuellement le parti « Qalb Tounes » (« Le cœur de la Tunisie »), un nom inspiré par ses œuvres de charité en région que d’aucuns assimilent au charity business.
Le parquet du Pôle judiciaire, économique et financier avait adressé plusieurs chefs d’accusation à Nabil Karoui et Ghazi Karoui dont ceux de fraude fiscale et de blanchiment d’argent, sur la base d’investigations menées dans l’affaire les concernant.
I-Watch avait déposé sa plainte dès le 2 septembre 2016, près le Pôle judiciaire, contre les deux frères Karoui pour suspicion de blanchiment d’argent par l’intermédiaire des sociétés qu’ils détiennent notamment au Maroc, en Algérie et au Luxembourg.
D’après des sources proches du dossier, après les investigations menées dans le cadre de cette affaire, le juge d’instruction près le Pôle judiciaire en charge du dossier a décidé d’adresser l’accusation de récidive de blanchiment d’argent aggravé à Nabil et Ghazi Karoui, et d’avoir profité des facilités que leur procure l’exercice de leur activité professionnelle, conformément aux dispositions de la loi organique n° 2015-26 du 7 août 2015, relative à la lutte contre le terrorisme et la répression du blanchiment d’argent.
Depuis, des enregistrement audio ont fuité des locaux de Karoui confortant une machination en vue de s’en prendre médiatiquement aux membres d’I-Watch.