Hamma Hammami met en doute l’indépendance de l’ISIE
Municipales : Le porte-parole du Front populaire Hamma Hammami a remis en question l’indépendance de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) suite au refus de celle-ci de valider le manifeste électoral du Front dans nombre de circonscriptions. Une première pour une instance auréolée jusqu’ici d’une certaine exemplarité.
Le leader de la gauche radicale a ainsi qualifié de « graves provocatrions » « les tentatives visant à compromettre la campagne du Front ». Pour rappel, le Front avait initialement présenté 132 listes électorales dont 86 hommes têtes de liste et 46 femmes. Au final, seulement 119 listes en ont été retenues, ce qui en fait malgré le premier parti de type « listes de coalition », et le troisième globalement derrière Nidaa Tounes en Ennahdha en termes de nombre de listes.
Un dangereux précédent symbolique pour l’ISIE
Hammami qui s’exprimait lors d’une rencontre avec les sympathisants du Front à El Menzah 6, Place Chokri Belaid, estime en effet que les obstacles auxquels les listes du FP font face depuis le démarrage de la campagne, sont « innombrables ». A cela s’ajoutent, toujours selon la même source, « les menaces adressées par certaines sections régionales de l’ISIE aux membres du Front pour avoir critiqué ouvertement la coalition au pouvoir ». Une accusation d’une gravité inédite.
Selon le porte-parole du Front, l’Instance électorale « compte des membres proches des partis politiques et qui cherchent à priver le Front de son droit de s’exprimer et de critiquer librement ».
Il s’est enfin dit étonné de l’attitude de l’ISIE qui aurait demandé du Front d’afficher seulement la liste nominative de ses candidats dans les lieux réservés à cet effet, mais sans le manifeste électoral.
La présidente de la liste du Front à l’Ariana, Baya Manai a ensuite présenté le programme électoral qui s’articule autour de la lutte contre la corruption, les malversations et le clientélisme local ainsi que sur l’amélioration des services municipaux, la création de nouveaux espaces verts dans la zone municipale, l’amélioration de l’état des marchés municipaux et la lutte contre le phénomène des étals anarchiques.
Après avoir connu plusieurs distinctions à l’international pour sa supervision globalement réussie des rendez-vous électoraux de 2011 et 2014, l’ISIE dans sa deuxième mouture a connu une crise quasi existentielle en 2017, avec la démission de trois de ses membres dont son ex président Chafiq Sarsar pour des raisons encore non complètement élucidées.
Le fait que la troisième force politique du pays entre en conflit avec l’ISIE pourrait approfondir la crise de cette dernière, le capital crédibilité de l’instance étant par définition son atout essentiel, le prérequis fondamental de tout scrutin libre et transparent.
Seif Soudani
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