Grève générale observée à 95% selon l’UGTT

 Grève générale observée à 95% selon l’UGTT

Manifestante UGTT travaillant dans le secteur médical


Le taux de réussite de la grève dans la la fonction publique observée en ce jeudi est estimé à 95% Selon Monem Amira, secrétaire général adjoint de l’UGTT chargé de la fonction publique, au terme d’une journée qui marque la troisième occurrence du genre depuis la révolution de 2011. La centrale syndicale ne compte pas s’en arrêter là, une escalade est déjà prévue. 


Plusieurs milliers de manifestants, essentiellement des employés de la fonction publique, se sont rassemblés ce matin 22 novembre aux abords de l’esplanade du Bardo, lieu hautement symbolique du pouvoir législatif et exécutif, entrainant le déploiement d’un important dispositif sécuritaire fébrile, craignant des débordements.


Brandissant des bannières de l’UGTT, les grévistes ont scandé des slogans dénonçant l’inflation galopante et appelant au droit à l’augmentation salariale, et protestant surtout contre « le mépris du gouvernement Chahed » qui a cette fois refusé d’obtempérer aux nouvelles requêtes de majorations salariales. « Dignité, liberté, et justice professionnelle », « Rassemblés pour défendre le pouvoir d’achat et le secteur de la santé publique » et « La Tunisie n’est pas à vendre », allusion aux demandes du FMI en termes de privatisations tous azimuts, figuraient parmi les banderoles agitées par les grévistes.


 


Triomphalisme de Tabboubi


« Ce jeudi 22 novembre est un nouveau rendez-vous historique pour ajuster le sens de l’orientation de la Tunisie vers la direction juste : préserver l’intérêt du peuple » s’est pour sa part félicité Noureddine Tabboubi, secrétaire de l’UGTT qui ne mâche décidément pas ses mots, et pour qui la centrale syndicale « ne cède jamais aux instructions étrangères », selon ses termes en marge d’un meeting organisé devant le Palais de l’Assemblée des représentants du peuple.


« L’Union est certaine que le secteur de la fonction publique bénéficiera de l’augmentation salariale nécessaire, a insisté le secrétaire général de l’UGTT », a-t-il ensuite rassuré ses troupes, assurant en s’adressant aux députés d’opposition qui assistaient au rassemblement que « le peuple a fait son choix pour améliorer sa situation, mais vous l’avez déçu … Le peuple ne cèdera pas à vos choix dévastateurs ».


Le successeur de Houcine Abbassi a enfin appelé également les fonctionnaires à « participer massivement » aux prochaines échéances électorales, présidentielle, parlementaire et municipale, afin de « préserver l’intérêt du peuple ».


 


Possible escalade


Il est fort possible de décider une grève générale nationale dans la fonction publique mais également dorénavant dans le secteur public (ce dernier désignant les grandes institutions publiques), selon les recommandations qui ont émané des préparatifs de la réunion de la commission administrative de l’UGTT prévue pour le samedi 24 novembre prochain. Une information confirmée par Mohamed Ali Boughdiri, secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail, en réponse au blocage des négociations avec le gouvernement. La commission administrative prendra les décisions nécessaires et les formes de militantisme adéquates conformément aux dispositions de la loi, a-t-il noté.


La décision de la grève dans le secteur de la fonction publique n’est pas une affaire personnelle mais c’est un différend objectif concernant un dossier précis quoique le dialogue pourrait reprendre d’après Boughdiri.


La centrale syndicale se dit en outre disposée à examiner les dossiers en suspens dont celui des ouvriers de chantiers (près de 60 mille ouvriers), et les réformes à introduire au niveau du régime de la retraite et du système éducatif, selon la même source.


Second secrétaire général adjoint, Sami Tahri semble quant à lui privilégier une alternative consistant en une réunion qui aurait lieu cette fois entre les dirigeants de l’UGTT et le président de l’ARP, l’ancien socialiste Mohamed Naceur, ainsi que les présidents des différents blocs parlementaires, en espérant que ces négociations aboutissent à ce que les présidents des blocs parlementaires interrogent le chef du gouvernement, Youssef Chahed, tenu pour responsable du « pourrissement de la situation ».


Selon un sondage Emrhod Consulting publié avant-hier 20 novembre, 35,8% (en hausse de 2 points) des Tunisiens seraient pourtant satisfaits du rendement du chef de Chahed, contre 33% au mois de septembre.