Grève de la CTN : l’armée au secours des passagers
Les agents et cadres de conduite de la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) ont entamé une grève dès la nuit du dimanche au lundi 3 septembre, ce qui a causé des scènes de panique parmi les centaines de passagers résidents à l’étranger, en plein pic de la vague des retours. L’intervention inédite de l’armée nationale fut nécessaire pour débloquer la situation. Récit.
Un passager déplore les conditions d'hygiène lamentables causées par le blocage, qui ont contraint familles et enfants à dormir à même le sol
Une ultime réunion de crise qui s’est poursuivi jusque dimanche après-midi au siège du ministère des Transports n’aura donc pas suffi à débloquer les négociations. Les syndicats du personnel de la CTN ont par conséquent maintenu la décision de faire grève lundi et mardi 3 et 4 septembre. Mais l’entrée en vigueur d’une « grève surprise » dès la soirée de dimanche a pris de court passagers au pire moment possible.
Scènes de chaos
La CTN assurait lundi 2 septembre dès l’aube le voyage Marseille – La Goulette, du bateau "Tanit" ainsi que le voyage Gènes – La Goulette, du Car-ferry "Carthage". Un chassé-croisé qui, avec des passagers laissés à l’abandon total, a créé une situation de chaos où des centaines de passagers sont restés bloqués Port de la Goulette. Selon des témoins oculaires sur place, leur nombre avoisinerait même les 2000 personnes dont certains attendent depuis près de 14 heures d’affilée.
« La grève avait été annoncée depuis la semaine dernière, mais les autorités ont visiblement pris la menace à la légère, et ne nous ont pas prévenu, et la plupart des passagers pensaient impensable d’être pris en otage de la sorte. A minuit nous étions dans le flou le plus total, laissés à notre sort sans la moindre communication », fustige l’un des passagers contacté hier soir.
Ces dernières 72 heures, des accords ont été trouvés sur l’ensemble des points examinés à l'exception des demandes de titularisation qui nécessitent une procédure administrative, a indiqué pour sa part le directeur général du transport maritime Youssef Ben Romdhane.
« Si les négociations n’aboutissent pas nous ferons prévaloir l'intérêt des passagers et la CTN se verra dans l'obligation d'appliquer la loi » a averti la même source.
L’armée nationale entre en lice
Suite à un ordre de mobilisation émis par les ministères de la Défense et celui des Transports, avec le concours de la Marine nationale, d’autres agents de la CTN ainsi qu’une dizaine d’officiers et soldats ont finalement pris les commandes du navire en partance pour Gènes tard dans la nuit.
Dépêchés sur place, les députés Marouen Falfel et Yassine Ayari, représentant des circonscriptions de Tunisiens résidents en Europe, ont documenté l’incident, précisant sur les réseaux sociaux que les véhicules ont été chargés et le départ a été rendu possible suite à une coordination de dernière minute avec la cellule de crise du ministère du Transport. « La traversée sera sécurisée par les membres de la Marine nationale dépêchés sur place », assurent-ils.
