Tunisie. Fermeture musclée de plusieurs médias dont Nessma TV

 Tunisie. Fermeture musclée de plusieurs médias dont Nessma TV

Le membre du Conseil d’administration de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), Hichem Snoussi, confirme que l’autorité a dû recourir aujourd’hui mercredi à la force publique pour faire exécuter une décision de fermeture et de mise sous scellés de plusieurs médias dont Nessma TV ainsi que d’une radio coranique. Deux autres chaînes de télévision restent dans le collimateur de l’Instance.   

 

C’est en présence d’un important dispositif policier entourant le siège de Nessma TV à Radès, banlieue sud de Tunis, que la chaîne à cette fois été contrainte à la fermeture. Ce n’est pas la première fois qu’une opération de ce type vise la chaîne TV fondée par Nabil Karoui, historiquement la deuxième chaîne privée du pays. Selon des sources judiciaires algériennes, les frères Karoui, en fuite en Algérie, viennent d’être libérés, relaxés dans le dossier de leur « franchissement illégal des frontières ».

 

Un feuilleton politico-judiciaire

En avril 2019, une intervention similaire avait été exécutée, sans succès durable, puisque la chaîne avait pu diffuser ses programmes à nouveau quelques jours plus tard. A l’époque, il s’agissait du même motif de « non-respect du cahier des charges relatif à l’obtention de la licence de création et d’exploitation d’une chaîne de télévision privée ». Mais plusieurs observateurs avaient mis cette tentative avortée de fermeture sur le compte de la guerre menée à l’époque par la Kasbah contre la corruption.

Cette fois, Nessma TV, Hannibal TV et Zitouna TV ont dû s’acquitter de la somme de 50.000 dinars chacune pour avoir continué à diffuser leurs programmes sans licence contrairement aux dispositions du décret-loi 2011 – 116. La HAICA a rappelé qu’elle avait sommé les trois chaînes de cesser toute activité jusqu’à la régularisation de leur situation, et ce depuis le 11 août 2021.

« La cessation de transmission est un préalable aux négociations en vue de régulariser la situation sociale des employés de ces médias », a répondu Snoussi face aux critiques de mise au chômage technique de facto de dizaines de techniciens et de journalistes. « Cette fois la décision de fermeture a pu être exécutée dans la mesure où certains médias qui jouissaient d’une protection de partis politiques ont perdu ladite protection », répond par ailleurs sans détour Snoussi, interrogé à propos de ce qui a changé en ce timing précis en termes de volonté politique.

Toutefois la même source explique que la chaîne Hannibal TV, la plus ancienne chaîne du paysage audiovisuel privé tunisien (fondée en 2004), est autant concernée par ces mesures qui n’ont pas encore été mises en exécution. Snoussi a appelé les dirigeants de la chaîne à suspendre la diffusion sans l’intervention de la HAICA.

Réputée proche de l’agenda de l’islam politique, la chaîne Zitouna TV avait déjà fait l’objet, le 6 octobre, de la saisie d’une partie de son matériel, confisqué sur les lieux de l’une de ses unités de production. Trois jours auparavant, son journaliste vedette, Ameur Ayed, avait été arrêté pour atteinte au président de la République.