Tunisie. Farine, sucre, lait, carburant… ces pénuries qui génèrent du chaos

 Tunisie. Farine, sucre, lait, carburant… ces pénuries qui génèrent du chaos

Dans cette grande surface à Tunis, les rares quantités de lait disponibles n’ont pas le temps d’être disposées dans les étales et sont présentées dans quelques chariots

Particulièrement choquantes, ces images ne proviennent pas de scènes de chaos faisant suite à des promotions ou des soldes, mais bien de la panique consécutive aux pénuries en Tunisie de produits alimentaires de première nécessité. Plus que jamais la dissonance entre les allégations gouvernementales et la réalité du quotidien des Tunisiens sont criantes.

 

Les scènes de bousculades ces dernières 24 heures sont filmées dans des grandes surfaces de la capitale Tunis, mais aussi à l’intérieur du pays comme à Jendouba où la grande distribution est à court de farine de blé, de riz, de café, mais aussi de sucre notamment.

Impactées directement par ces carences désormais chroniques (plusieurs mois consécutifs de pénuries pour le lait), les familles avec des nourrissons, des enfants en bas âge ou encore les plus démunis dépendant de la farine pour préparer du pain maison, en l’absence de pain subventionné par l’Etat, lui-même en pénurie en boulangerie, sont prêts à tout pour en découdre pour un sachet de farine ou un pack de lait.

 

« Du jamais vu dans le pays depuis la 2ème guerre mondiale ! », commente le célèbre médecin Samir Abdelmoumen, au moment où le pouvoir exécutif persiste et signe dans son déni pathologique de toute crise des finances de l’Etat, le président de la République Kais Saïed appelant encore et toujours à « punir les lobbies des spéculateurs », seuls responsables à ses yeux de cette situation.

En Algérie, pays voisin qui connaît lui aussi les mêmes scènes de file d’attente à perte de vue pour du lait, les autorités pratiquent depuis plus longtemps la rhétorique de la diversion, préférant mettre en avant les saisies de quantités souvent insignifiantes dans les dépôts clandestins de petits spéculateurs, plutôt que de reconnaître le simple fait que ce type de spéculation est en réalité un symptôme de la crise des denrées, et non pas sa cause, loin s’en faut.

 

Le spectre de la pénurie de carburant

S’il fallait d’ailleurs une preuve objective que le problème est structurel et budgétaire, ces dernières 72 heures ce sont à leur tour les stations-service qui sont prises d’assaut par les conducteurs anxieux, le carburant venant à manquer un peu partout surtout dans le grand Tunis.

Face à cette situation elle-même redondante tout au long de cette année, le PDG de la Société nationale de distribution des pétroles (SNDP-Agil), Khaled Bettine, a appelé, aujourd’hui vendredi les automobilistes « à ne pas céder à la panique et à la frénésie, suite aux récents problèmes d’approvisionnement de carburant ». Le responsable a tenté de rassurer l’opinion publique quant au fait que la situation serait réglée dans les quelques heures à venir, et que le carburant sera disponible en quantité suffisante dans tous les kiosques, sans succès, puisque les files de voitures imbriquées ne cessent de s’allonger à l’approche de ce weekend pluvieux.

 

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