Fakhfakh annonce les grands axes de sa politique
Le 28 janvier à Dar Dhiafa, Carthage, s’ouvrait la deuxième phase des négociations autour de la composition du gouvernement Elyes Fakhfakh. Comme pour se soustraire aux marchandages autour des postes ministériels, le chef du gouvernement désigné dit privilégier la vision et le programme aux personnes. Or, le document qu’il propose est déjà critiqué pour son flou sémantique.
Depuis hier mardi, Elyès Fakhfakh se réunit quotidiennement avec des représentants d’une sélection de partis politiques et de groupes parlementaires associés aux concertations, pour débattre d’un document consensuel en vue d’une coalition gouvernementale comprenant « des priorités urgentes », et d’autres plus structurelles.
Ainsi parmi les priorités du prochain gouvernement avancées par Fakhfakh, figure en haut lieu « la lutte contre la criminalité et le crime organisé », « l’amélioration du pouvoir d’achat » et la « lutte contre la spéculation et la contrebande ». Si ces deux derniers points sont de grands classiques leitmotivs d’autres gouvernements qui l’on précédé, la lutte contre la criminalité semble vouloir répondre à un impératif bien plus actuel, au vu de la recrudescence des vols, braquages, et autres vols à main armée depuis le début de l’année dans les grandes villes tunisiennes. Une insécurité en partie précisément liée au sentiment ambiant de vacuité du pouvoir, dans un pays qui se cherche un gouvernement depuis plus de trois mois.
La sempiternelle « lutte contre la corruption »
La même feuille de route intitulée « document contractuel pour une coalition gouvernementale » propose par ailleurs « des mesures urgentes au profit des PME et l’application de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, en plus de la mobilisation des ressources financières nécessaires pour l’exercice 2020 ».
Si cette déclaration d’intention a l’humilité de ne vouloir qu’appliquer ce qui existe déjà en matière d’anti-corruption, voilà près de dix ans maintenant qu’à coup d’instances indépendantes et de plans Marshall, les stratégies nationales de lutte contre la corruption, martelées tel un incontournable slogan, raisonnent comme disque rayé aux oreilles des Tunisiens, lorsqu’elles ne sont pas accueillies avec méfiance et scepticisme face au potentiel d’instrumentalisation politique de ces plans souvent très sélectifs.
S’agissant des priorités à moyen terme, Elyès Fakhfakh suggère « la mise en place d’un plan pour les investissements stratégiques garantissant la transition économique et sociale ». « Aucune mesure concrète, aucun chiffre, aucun délai », rétorque-t-on sur les réseaux sociaux.
Le gouvernement Fakhfakh s’engage enfin à initier une série de projets dans les domaines de la décentralisation, de l’éducation, de la santé et de l’agriculture ainsi que dans les secteurs numérique et énergétique.
Seule promesse d’ores et déjà tangible, la nouvelle équipe gouvernementale proposée passe de 42 à seulement 28 membres (27 ministres et un seul secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères), conformément au souhait d’Elyes Fakhfakh d’un gouvernement restreint. Une mesure d’austérité qui ne fait pas oublier à ses détracteurs de Fakhfakh fut l’homme par qui le FMI est revenu en Tunisie en 2013, pour la première fois depuis les années 80.