Faillite Thomas Cook : quelles conséquences pour la Tunisie ?

 Faillite Thomas Cook : quelles conséquences pour la Tunisie ?


En Tunisie, l’un des pays les plus dépendant des tours opérateurs au monde, la débâcle de Thomas Cook s’est faite sentir dès ce weekend :  un groupe de touristes britanniques avaient en effet été empêchés de quitter un hôtel de Hammamet pour défaut de paiement de frais d’hébergement. Le ministère du Tourisme a dû intervenir afin de leur autoriser le départ. Mais cette bérézina n’a pas fini d’impacter un secteur qui était en convalescence. 



 


Des centaines de milliers de touristes britanniques répartis sur divers pays à travers le monde devraient être rapatriés dans les quelques heures qui suivent, après que le célèbre voyagiste britannique Thomas Cook, véritable institution en Grande-Bretagne et ailleurs, ait déclaré sa faillite. Le tour opérateur révèle ainsi avoir échoué en dernière minute à trouver des fonds nécessaires pour sécuriser un sauvetage et éviter sa faillite. 




« En dépit des importants efforts déployés, les négociations avec les différentes parties prenantes du groupe n’ont abouti à aucun accord », peut-on lire dans un communiqué lapidaire.

 


Particulièrement présent en Tunisie et en Turquie, le voyagiste britannique a par conséquent aussitôt entamé les procédures de liquidation judiciaire, dont les opérations de rapatriement de touristes qui ont d’ores et déjà commencé.


 


Le ministère du Tourisme tunisien victime de la culture du chiffre ?


Hier dimanche 22 septembre, le député d’opposition al Irada, Imed Daïmi, a publié un post Facebook virulent où il tire à boulets rouges sur le ministre du Tourisme René Trabelsi, lui imputant l’entière responsabilité de ce qu’il a considéré comme étant « les retombées catastrophiques » de « ses choix » et de la faillite de Thomas Cook sur le secteur touristique en Tunisie :




« C’est une grande catastrophe qui s’abat sur le tourisme tunisien suite à la faillite du tour-opérateur britannique Thomas Cook. René Trabelsi a signé un gros contrat au mois de mai dernier avec le voyagiste britannique en lui accordant une partie importante du marché tunisien avec beaucoup de facilités et sans garanties… La faillite de Thomas Cook sera annoncée avant que des dizaines d’hôtels tunisiens ne reçoivent leurs dus financiers… René Trabelsi a signé ce contrat sans s’assurer de la vérité quant à la situation financière du voyagiste britannique, pourtant c’était connu de tous… Est-ce que c’est dû à la stupidité, à la faiblesse ou à un non suivi du marché ou peut-être à un deal entre le voyagiste en faillite et ce pseudo-ministre… Une ouverture d’enquête s’impose… » a-t-il prévenu.


 


70 millions d’euros en jeu


Thomas Cook, qui emploie pas moins de 22 mille personnes à travers le monde, est aussi une compagnie aérienne avec une flotte d’une centaine d’avions, mais également quelques 200 hôtels sous sa marque, et 20 millions de touristes en moyenne. Il réalisait un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros, selon des sources de presse étrangère.


Ses difficultés résulteraient des dettes colossales qui se seraient accumulées depuis de nombreuses années, ainsi que le cumul des intérêts bancaires et l’insuffisance des fonds injectés par le gouvernement britannique.


Avec TUI, Thomas Cook est le principal TO en activité en Tunisie. Son principal client est le TO tunisien TTS que dirige Karim Miled, fils de feu Aziz Miled. Il « est au courant. Il ne peut rien faire, mais il a décidé, en véritable seigneur, de continuer à recevoir les clients et à accompagner les clients qui partent », assure de son côté le ministre tunisien du Tourisme René Trabelsi, contacté par nos confrères d’African Manager.


Outre l’incident de Hammamet ce samedi qui n’impliquait que 14 touristes et une ardoise impayée de 1,6 million d’euros, Thomas Cook collabore avec une quinzaine d’hôtels tunisiens, sans compter une quinzaine d’autres hôtels sous marque TC à Tunis, Sousse et Djerba notamment, ainsi que Tunisair, en dehors du charter payé d’avance.


TC ayant déclaré faillite, « les impayés seraient pris en charge dorénavant par l’Etat britannique, pour les passagers qui ont payé leurs billets et leurs séjours. Pour les fournisseurs de services, les hôteliers tunisiens, il y aura des démarches à faire auprès des assureurs du TO. Des démarches qui peuvent durer une année ou plus, jusqu’au déblocage des fonds qui sont réservés au paiement des fournisseurs. Le problème c’est qu’il y a des hôtels qui pourraient ne pas tenir le coup », dit le ministre du tourisme René Trabelsi.


Ce dernier, lui-même issu de l’industrie des TO, ancien dirigeant d’une agence de voyage basée en France, pourrait devoir affronter une crise politique majeure à la rentrée, dans le cadre du gouvernement de gestion des affaires courantes post élections. René Trabelsi est pourtant au sommet de sa popularité au moment où il nous accordait un entretien exclusif, à lire dans notre magazine d’octobre 2019.