Face au surendettement des ménages, le pouvoir reconduit de vieilles recettes

 Face au surendettement des ménages, le pouvoir reconduit de vieilles recettes


 


Mesure clé ayant permis à l’ancien régime de séduire en son temps les classes moyennes, l’importation de voitures compactes 4 chevaux fiscaux dites « voitures populaires » s’apprête à refaire son apparition en Tunisie. Une mesure mieux accueillie auprès des plus petites bourses que chez la plupart des usagers de la route qui craignent des embouteillages exponentiels. 


 


L'enregistrement auprès des concessionnaires autorisés pour l'achat de « voitures populaires » débutera à partir du 1er mai 2016, a annoncé le ministère du Commerce dans un communiqué publié aujourd’hui mercredi 16 mars.


Interrompu par les gouvernements post révolution, ce régime fiscal particulier permettant théoriquement d’acquérir des véhicules à moindre coût s’était en quelque sorte lui-même embourgeoisé au fil des années : initialement d’environ 12.000 dinars tunisiens au début des années 2000, les prix avoisinaient en 2010 jusqu’à 22.000 dt à la facture finale selon les marques (essentiellement Volkswagen, Toyota et les constructeurs français), l’inflation et le cours du dinar tunisien aidant, face à l’euro.


Cela n’avait pas découragé certains Tunisiens de se livrer à des pratiques répandues de vente spéculative de bons de réservation de particulier à particulier, les durées d’attente étant souvent supérieures à une année et plus.  


Malgré la reprise des grands travaux d’infrastructure dans la capitale avec la construction de ponts et d’échangeurs sur les principaux axes, « Tunis devient invivable » de l’aveu de la majorité des usagers excédés par les bouchons, devenus leur pain quotidien pas seulement aux heures de pointe. Un phénomène qui risque donc de s’aggraver avec les milliers de nouvelles immatriculations attendues avant la fin de l’année 2016


Seul effet bénéfique faisant l’unanimité, le fait que la mesure va permettre de rajeunir un parc automobile vieillissant, fait précisément de petites voitures 4CV à la durée de vie limitée.   


Le surendettement avait rendu une partie de la population plus docile sous le règne de Ben Ali, selon de nombreux observateurs, même si la classe moyenne prospère dont se targuait à l’époque le régime tend à disparaître en Tunisie.


La veille de l’importation en masse de ces véhicules d’entrée de gamme, on apprend par ailleurs que la Banque mondiale devrait accorder à la Tunisie entre 750 millions et 1 milliard de dollars par an, dans le cadre d’un programme visant à mobiliser une enveloppe de 20 milliards de dollars sur 5 ans au profit des pays de la région du Moyen Orient et de l’Afrique du nord (MENA), a déclaré Hafez Ghanem, vice-président de la BM pour la région MENA.


L'Agence américaine pour le développement international (USAID) a pour sa part proposé mercredi une aide technique à la Tunisie, « notamment dans le domaine du partenariat public/privé », a indiqué Paige Alexander, Vice-présidente de l'Agence chargée des affaires du Moyen Orient. 


Des aides qui tombent à point nommé, mais jusqu’à quand l’économie tunisienne en crise structurelle, avec une économie parallèle estimée à 40% du PIB, pourra-t-elle vivre sous perfusion ?


 


Seif Soudani