Explosion d’une mine : deux soldats tués sur fond de vives tensions politiques

 Explosion d’une mine : deux soldats tués sur fond de vives tensions politiques

Photos des deux jeunes soldats qui ont succombé à leurs blessures le 3 octobre


Une mine a explosé le 3 octobre lors du passage d’un véhicule militaire au Mont Châambi (dans le gouvernorat de Kasserine), faisant selon un bilan provisoire deux soldats tués et 5 autres soldats blessés. Une semaine meurtrière pour l’armée de terre tunisienne qui fait face à une recrudescence inédite de la mortalité dans cette zone.


 


Le ministère de la Défense a annoncé à la mi-journée de jeudi l’identité des deux victimes. Il s’agit de Yassine Chahbi, 26 ans, sergent-chef, originaire de la délégation de Sbeïtla dans le même gouvernorat de Kasserine, et d’Idriss Zouaghi, 25 ans, sergent, originaire quant à lui du gouvernorat de Monastir.


Un autre jeune soldat a subi avec succès une opération chirurgicale dans la nuit de mercredi à jeudi 4 octobre. Malgré les incessantes campagnes aériennes de bombardements sur cette zone montagneuse, ainsi que l’implication militaire révélée récemment de l’armée américaine qui est intervenue dans cette région au moins une fois en 2017, la menace djihadiste n’y est donc pas encore endiguée.  


 


Persistance de poches de résistance


Deux individus n’appartenant pas au corps militaire avaient déjà trouvé la mort lundi 25 septembre, toujours à Kasserine, des suites de l’explosion d’une mine terrestre cette fois dans la localité d’Abdeladhim de la délégation de Fernana, selon des témoins qui étaient présents sur les lieux de l’incident.


Selon eux, la mine terrestre a explosé, alors que les deux frères étaient en train de ramasser le bois mort sur les hauteurs du Mont Châambi. Le fait que les corps des deux individus n’avaient pas été évacués du lieu de l’explosion plusieurs heures après l’explosion avait causé la colère des habitants de la localité.


 


Contexte politique particulièrement tendu


Cette escalade intervient au moment où le pays vit au rythme de « nouvelles révélations » faites par le comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, hommes politiques tous deux assassinés en 2013, sur l’implication présumée d’un « appareil paramilitaire lié à Ennahdha » selon le comité. Des propos relayés par des leaders du Front populaire, mais aussi par une partie des députés Nidaa Tounes, dont Fatma Mseddi qui a appelé le 2 octobre à la dissolution du parti à référentiel islamiste.


« Dès que Ennahdha est menacé Châambi se réveille ! », s’étonne une partie de la blogosphère qui, si elle est portée sur les théories du complot, n’en reflète pas moins un ressentiment croissant parmi certaines franges du pays face à la persistance de la question djihadiste aux frontières du pays, conjugué au retour à une polarisation aiguë des forces politiques.


 


Seif Soudani