Existe-t-il un risque d’année scolaire blanche ?

 Existe-t-il un risque d’année scolaire blanche ?

Plus de 2 millions d’élèves sont potentiellement concernés. Lycée de la Rue du Pacha


Faut-il craindre une annulation pure et simple de l’année scolaire en cours dans les lycées et les collèges tunisiens ? A en croire la tournure que prennent les atermoiements en ce début de deuxième trimestre, après un premier trimestre tout bonnement invalidé suite au boycott des examens par les enseignants, le risque d’année blanche est bien réel.



C'est une ambiance aussi festive que contestataire qui prévaut au sit-in des professeurs qui occupent pour la première fois le siège de leur ministère de tutelle. Ils demandent la régularisation de certains contrats, l'application d'anciens accords, et une revalorisation de leurs salaires.


 


Fin 2018, le ministère de l'Education avait dû démentir les informations selon lesquelles les examens du secondaire se dérouleraient pendant les vacances d'hiver (du 17 décembre 2018 au 1er janvier 2019), le ministre Hatem Ben Salem s’étant finalement résolu à l’idée d’évoquer un « trimestre blanc ».


 


Les autorités se veulent rassurantes  


« Il n’y aura pas d’année blanche dans les lycées et collèges » martèle aujourd’hui en direction de qui veut bien l’entendre le directeur général chargé du cycle préparatoire et de l’enseignement secondaire au ministère de l’Education, Hatem Amara. Ce dernier a beau affirmer que le ministère est « résolu à trouver les solutions qui servent l’intérêt de l’élève et garantissent la stabilité de son cursus », mais la situation surréaliste qui a prévalu au premier trimestre n’est pas de nature à lever le doute sur le sort des élèves de cette promotion agitée.


Lors d’un point de presse tenu hier 21 janvier à Tunis, le responsable a déclaré que le ministère et la Fédération générale de l’enseignement secondaire (affiliée UGTT) sont « attachés à résoudre la crise, ajoutant que les solutions pourraient être trouvées dans les heures ou jours à venir ». « Ces solutions seront à la hauteur des attentes de tout le monde » renchérit-il, ajoutant toutefois : « Il est encore possible de se rattraper si la fédération décide de renoncer à sa décision de boycotter les examens dans un délai ne dépassant pas un mois ».


Or, problème, quelques minutes seulement après cette déclaration, la situation s’était déjà considérablement dégradée (vidéo ci-dessus) : des membres de la fédération de l’enseignement ont en effet décidé d’occuper les locaux du ministère de l’Education nationale pour y entamer une grève ouverte sous forme de sit-in. Rejoints par des dizaines des leurs en quelques heures, ils ont réussi à condamner l’entrée principale du siège.


 


Les élèves organisent « leur » journée de colère


Après que le chef syndicaliste Lassaad Yaâcoubi ait lancé les « journées de la colère des professeurs », c’est désormais au tour des élèves de s’en inspirer et de lancer leurs propres journées de protestation, en se donnant rendez-vous devant les différentes directions régionales de l’enseignement secondaire aux quatre coins du pays en ce début de semaine pour « exprimer leur colère face au conflit qui oppose la centrale syndicale au ministère de l’Education dont ils se considère les otages et les victimes contingentes ».


Seul hic, certains élèves se solidarisent de ce mouvement en refusant d’assister aux cours, ce qui ne fait qu’accroitre leurs chances de se voir comptabiliser une année blanche… Une fuite en avant en somme.


Les parents ne sont pas en reste. « C’est tout notre système éducatif qui est compromis ! », fulmine l’un d’eux sur la TV nationale. Mobilisés eux aussi notamment via des groupes de parents d’élèves sur les réseaux sociaux pour faire face à la crise de l’enseignement secondaire, les parents annoncent qu’ils organisent une grande manifestation nationale prévue pour le jeudi 24 janvier.


Ainsi à Tunis les parents d’élèves se donneront rendez-vous devant le théâtre municipal, quant aux autres régions les parents observeront leurs sit-in respectifs dans diverses places publiques, rapporte le coordinateur général de ce mouvement des parents en colère, Hassan Abdelaziz Chok. Nous y reviendrons.