Tunisie. Evasion de la Mornaguia : Capture réussie des quatre terroristes restants

 Tunisie. Evasion de la Mornaguia : Capture réussie des quatre terroristes restants

Tôt dans la matinée du mardi 7 novembre 2023, le ministère de l’Intérieur a annoncé l’arrestation des éléments djihadistes évadés de la prison de la Mornaguia qui étaient encore en cavale, après la capture d’Ahmed Melki, dit le Somalien, par des citoyens deux jours auparavant. Un « happy ending » qui ne doit pas occulter toutefois une série d’incroyables dysfonctionnements, toujours entourés de mystère.

Un bref communiqué du département relate les faits en précisant que des équipes mixtes composées de forces de la police nationale et de la Garde nationale, en collaboration avec des unités militaires, ont pu « capturer vivants » vers  05h00 heures du matin, les quatre terroristes fugitifs restants, au moment où il se terraient dans la montagne de Djebel Boukornine, au sud de la capitale.

Le ministère de l’Intérieur qui demeurait silencieux en raison de l’opération en cours ces dernières 48 heures a également confirmé l’arrestation, dimanche 5 novembre, du premier terroriste, Ahmed Melki alias al Somali, avec le concours de citoyens à la cité Ettadhamen venus épauler deux policiers en civil qui n’étaient pas en service mais ont pu identifier le suspect. Un silence radio qui a donné lieu à toutes sortes de spéculations.

 

L’heure des comptes ?

Le porte-parole de la Garde nationale, Houssemeddine Jebabli, a ce matin commenté à son tour l’arrestation des terroristes évadés : « Nos unités avaient été déployées depuis mardi dernier dans la foulée de l’évasion des prévenus et travaillaient jour et nuit à leur recherche », s’est-il félicité, ajoutant que « des investigations se poursuivent pour déterminer les circonstances de cette affaire », allusion à la double enquête administrative et judiciaire en cours.

Au lendemain de cette évasion d’une ampleur inédite de la prison la plus gardée du pays, le président de la République, Kais Saïed, avait avancé sans présenter de preuves « l’implication de parties étrangères » avec des collaborations à l’intérieur du pays, évoquant le rôle du « mouvement sioniste », sans plus de précisions. Il avait également démenti tout lien entre l’évasion et des photos diffusées sur les réseaux sociaux, montrant ce qui semblait être la scène de l’évasion, sans attendre les résultats de l’enquête.

Mais ces allégations présidentielles se heurtent aujourd’hui à la réalité de ce qui s’apparente à de l’amateurisme et des moyens rudimentaires de l’opération. Sans ressources, les fugitifs ont braqué une banque à Boumhel, pour se réfugier ensuite sur les hauteurs les plus proches de la banlieue sud. Quelques jours plus tard, au culot, le plus dangereux d’entre eux, le Somalien, ne prend pas la peine de changer de tenue vestimentaire. Il prend même les transports en commun et se tranquillement rend acheter du pain dans le quartier le plus peuplé de Tunis.

Aussi loufoque qu’invraisemblable, cet épisode révèle plus tragiquement d’inquiétantes incompétences au sein du personnel carcéral, mais aussi la prévalence du logiciel strictement complotiste qui sévit au plus haut sommet de l’Etat.