Évacuation d’un camp de demandeurs d’asile : inquiétudes sur le sort des personnes déplacées
Les autorités tunisiennes ont procédé le 19 juin au démantèlement des restes du camp de Choucha près de la frontière avec la Libye. Six ans après son ouverture par le HCR et quatre ans après sa « fermeture » officielle, plusieurs dizaines de personnes originaires d’Afrique de l’Ouest et de l’Est survivaient sous les lambeaux de tentes aux portes du désert. Le sort de ces personnes évacuées inquiète aujourd’hui de nombreuses organisations de défense des droits humains.
Une quarantaine de personnes, qui vivaient encore à Choucha, ont été acheminées sans préavis à Tunis le lendemain de l'entrée en service des tractopelles pour raser ce qui fut leur quotidien ces dernières années. Leur prise en charge n’avait visiblement pas été prévue par les autorités lorsqu’elles ont procédé au démantèlement des derniers abris.
Ces personnes ont été enfermées plusieurs heures à la gare de la capitale, sans savoir si elles auraient un abri pour passer la nuit, avant finalement d'être logées à la Maison des jeunes de la Marsa, en banlieue de Tunis. Les ONG qui suivent le dossier sont toutefois sans nouvelles d'une dizaine de déplacés.
Ce traitement « fait craindre des arrestations collectives, voire des opérations de déportations, comme ce fut le cas en décembre 2016 à la frontière avec l’Algérie », s’alarment une douzaine d’organisations, dont le Forum tunisien pour les Droits économiques et sociaux (FTDES), la Ligue tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LTDH), l’Association des Étudiants et Stagiaires africains en Tunisie (AESAT), ou encore Euromed Droits.
Dans leur communiqué, ces ONG demandent au gouvernement de respecter les engagements de la Tunisie au regard des conventions internationales qu’elle a ratifiées, « notamment la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, la Convention de Genève relative au Statut des Réfugiés, la Convention internationale contre la Torture, le Pacte international sur les Droits civils et politiques, ainsi que la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ».
Les signataires appellent notamment à « garantir les droits fondamentaux (…) en termes d’accès à l’information, à un recours suspensif et à une aide juridique » et à « adopter le projet de loi sur l’asile et la protection des réfugiés et le projet de loi sur les discriminations raciales ».
« Devant les menaces graves de violations des droits de ces personnes, les organisations signataires se constituent en comité de vigilance et de suivi de la situation », annoncent-elles.
Rached Cherif