Et si le futur du tourisme était culturel ?
Samedi s’est ouverte en grande pompe la 32e édition du Festival international de musique symphonique d’El Jem dans la ville éponyme. Pour la première fois depuis de nombreuses années, l’amphithéâtre de la ville affichait complet, malgré l’ajout de plusieurs centaines de chaises. Un succès dans lequel la Tunisie devrait peut-être voir une piste pour la diversification de son modèle de tourisme.
Les entrées de l'amphithéâtre romain d'El Jem ont eu du mal à absober le flot de spectateurs venus pour le concert. Rached Cherif/LCDA
Dans l’enceinte antique éclairée à la chandelle, la magie a opéré comme chaque fois. Mozart, Verdi, Rossini ou encore Puccini, joués par l’excellente formation italienne, y ont trouvé un écrin à la mesure de leur génie. Invité-surprise du concert, le ténor tunisien Hassen Doss a tenu lui aussi à rendre hommage aux côtés des chanteurs italiens à l’icône Pavarotti disparue il y a bientôt 10 ans.
Carthage, El Jem, Hammamet, même au plus fort de la crise du tourisme, les grands festivals de musique estivaux ont tiré leur épingle du jeu en termes de fréquentation. L’édition 2017 du Festival d’El Jem confirme la tendance et pourrait même afficher un nombre record de spectateurs, à l’image du concert d’ouverture du 8 juillet. L’Orchestra dell’Opera Italiana a joué à guichet fermé son concert hommage à Pavarotti.
4000 à 5000 spectateurs ont fait le déplacement dans cette petite ville du centre de la Tunisie. Il faut compter 3 heures en train pour parcourir les 200 km qui séparent El Jem de Tunis par exemple. Cela n’a pas empêché le public d’affluer en masse. Des mélomanes tunisiens bien sûr, mais aussi une part importante d’étrangers, dont des centaines de Russes arrivés par cars entiers depuis leurs hôtels situés sur la côte. Les Français et Européens, installés à Tunis ou de passage, étaient également nombreux dans les gradins de l’amphithéâtre romain d’El Jem, le plus grand et le mieux conservé d’Afrique du Nord.
La résilience des grands rendez-vous culturels devrait donc faire réfléchir les acteurs du tourisme. Les festivals et autres événements attirant un public international s’adressent effet à des vacanciers différents que celui consommant du tourisme balnéaire de masse. Voyageant le plus souvent hors des séjours tout compris et préparant eux-mêmes leurs programmes de vacances, ces touristes sont généralement plus dépensiers et moins sensibles aux incidents sécuritaires. Ce pourrait être un marché cible idéal pour un tourisme culturel à plus haute valeur ajoutée et à moindre impact environnemental.
Rached Cherif